Avec "Le Règne animal", Thomas Cailley a frappé un grand coup. Neuf ans après "Les Combattants", le cinéaste revient avec une fable inclassable, entre chronique familiale et post-apo mutant. Avant la sortie en salles de cet ovni le 4 octobre 2023, il se livre avec la discrétion qui le caractérise et s'excuse par avance de devoir décaler la session photo - la faute à une piqûre d'araignée sur la lèvre. Les prémices du règne animal ?

Huit ans après son César de la meilleure première oeuvre pour "Les Combattants", Thomas Cailley signe "Le Règne animal", second film exceptionnel pour lui, pour nous, et pour notre façon d'aborder un cinéma français en plein renouveau.

En septembre 2014, impressionnés par la puissance des "Combattants", son premier long métrage, nous avions tenu à rencontrer Thomas Cailley. S'il a tant tardé avant de tourner son second film, c'est qu'il voulait être à la hauteur de ses aspirations et trouver le sujet qui lui permettrait d'explorer ce mélange des genres si réussi dans son coup d'essai. Entretemps, Ad vitam, une mini-série pour la télévision, lui a permis de creuser certains thèmes (la filiation, le rapport à l'autre...) tout en découvrant de nouvelles conditions de tournage qui l'ont préparé à l'aventure du "Règne animal".

Neuf ans après son premier long métrage, "Les Combattants", le cinéaste revient enfin à la réalisation pour le grand écran avec "Le Règne animal", fable hybride où se fondent les humain·es et les bêtes. Un film époustouflant dont il nous expose les enjeux. En conclusion de l'article, voir la critique du film.

Neuf ans après "Les Combattants", Thomas Cailley réussit l'impossible : une fable transgenre autour de mutations homme-animal. Récit d'une production hybride et semée d'embûches.

C'est peu de dire que "Le Règne animal" a impressionné les festivaliers lord du dernier raout cannois, le fantastique n'ayant pas souvent les honneurs de La Croisette, a fortiori quand il porte les couleurs nationales. Le film de Thomas Cailley a d'autant plus surpris (et séduit) qu'il mélange les genres avec allégresse, et que sous couvert de parler de monstruosité, il nous renvoie évidemment un reflet de nous-mêmes et du monde inquiétant dans lequel nous nous enfonçons chaque jour un peu plus. Le film possède au final toutes les qualités.

Des griffes poussent sous les ongles, une fourrure ou des écailles colonisent la peau. Des tentacules, des mandibules, des membranes. La fonction du langage se dérobe lentement, au profit des râles bruts de la nature, cris, grognements, stridulations...

"Quelle époque !" : c'est une réplique qui surgit prestement, pour clore l'ouverture elle-même échevelée du "Règne animal". Pris dans un embouteillage alors qu'ils sont attendus au chevet de la mère à l'hôpital, un père (Romain Duris) et son fils (Paul Kircher) s'engueulent. Sommaire. Animal on est mal, la critique du film. Il était un père, entretien avec Thomas Cailley.