Les contributions analysent la portée des mythes et leur place dans la construction de la société à travers leur valorisation, mais aussi leur aspect philosophique ou encore linguistique. ©Electre 2018

Robinson Crusoé (1719) a engendré une innombrable postérité. Il est à l'origine d'un véritable mythe, dont les littératures de la seconde moitié du XXe siècle ont su se saisir pour le transformer. Mythe moderne par excellence, puisqu'il affirme chez Defoe l'émergence du sujet de la modernité, il est devenu prétexte à une remise en cause de l'individu, à une réflexion sur le mythe lui-même.

Quels grands mythes traversent nos oeuvres littéraires ? Et à quels grands mythes se réfère-t-on à travers nos lectures ? S'appuyant sur les figures de Prométhée, Orphée ou encore Narcisse, Pierre Albouy invite à relire nos classiques du XVIe au XXe siècle dans cet ouvrage appelé à devenir un classique.

Dans la lignée de ses prédécesseurs - le Dictionnaire des mythes littéraires, le Dictionnaire des mythes d'aujourd'hui, le Dictionnaire de Don Juan, le Dictionnaire des mythes féminins -, cet ouvrage présente un état actuel de la recherche sur un des domaines des études littéraires consacrées aux mythes, sans prétendre à l'exhaustivité. Il s'efforce également de s'interroger sur les relations problématiques de deux champs de la recherche abordés le plus souvent séparément celui des mythes littéraires et celui de la littérature fantastique. Or une confrontation de la culture savante à la littérature populaire ne prolonge-t-elle pas dans une certaine mesure l'idéal, qui remonte au moins au romantisme, de la création d'une mythologie moderne ? Cette approche permet de montrer comment quelques-unes des figures de la littérature fantastique se constituent en mythes et surtout comment cette littérature fonctionne comme discours mythique. Mythe et fantastique ne se rejoignent pas seulement dans leur rapport au merveilleux, ni même en tant que principes explicatifs. Les figures monstrueuses sur lesquelles ils sont souvent centrés donnent lieu, par la monstration, à une prise de conscience de l'autre et, par là, à une réflexion sur le moi. La littérature fantastique s'édifie en mythologie en ce qu'elle induit une réflexion sur les rapports de l'homme à la société, à l'histoire ou au sacré et, sur un mode plus métaphysique, sur l'identité humaine