Edouard Louis poursuit son examen, intime et lucide, de nos fractures sociales - et des haines qu'elles provoquent.

Dans "Histoire de la violence", Edouard Louis raconte son viol. Arrêté il y a peu, celui que l'auteur décrit comme son agresseur porte plainte pour atteinte à la vie privée et à la présomption d'innocence. Un roman peut-il devenir une pièce à conviction ?

"En finir avec Eddy Bellegueule", récit d'une jeunesse homosexuelle en Picardie, a propulsé Edouard Louis sur le devant de la scène littéraire. Ce succès est aussi celui d'une amitié : celle qui l'unit aux sociologues Didier Eribon et Geoffroy de Lagasnerie. Considéré à l'étranger comme la relève de la "French Theory", le trio forme l'une des voix les plus virulentes de la gauche radicale. Et gare à celui qui les attaque. Ne cultivant ni la modestie ni la retenue, ces férus de réseaux sociaux savent se montrer féroces.

Entre souvenirs intimes, considérations socio-politiques et évocation de Céline Dion, l'auteur d'"En finir avec Eddy Bellegueule" livre un bref récit dans lequel il rend hommage à son géniteur, à ses yeux victime de sa condition sociale et des décisions des gouvernants. Contestable, mais fort.

Dans "Histoire de la violence", Edouard Louis poursuit en effet le roman de soi, à travers l'évocation d'une nuit de Noël tragique.

Le deuxième roman d'Edouard Louis se révèle à la fois opportuniste, racoleur et informe.

Quand les écrits d'Edouard Louis suscitent le débat sur la littérature sociale et la fiction.

Le jeune auteur d'"En finir avec Eddy Bellegueule" est célébré aux Etats-Unis, où la presse l'encense et les plus grandes universités l'invitent. "L'Obs" l'a suivi.

Après "En finir avec Eddy Bellegueule", l'écrivain de 23 ans revient avec "Histoire de la violence", récit d'une agression sexuelle subie il y a deux ans, peu avant la parution de son best-seller.

Dans son livre "Histoire de la violence", paru en janvier dernier, Edouard Louis raconte avoir été violé un soir de Noël. Son agresseur présumé, mis en examen puis placé en détention provisoire pendant onze mois, vient de sortir de prison. Il clame son innocence.

"Toute la tâche de l'art est d'inexprimer l'exprimable", annonçait Roland Barthes à la lisière feutrée de ses fondateurs "Essais critiques" en une formule incandescente de paradoxe qui pourrait servir de guide idéal à la lecture d'"Histoire de la violence" d'Edouard Louis.