Casai di Principe, près de Naples, est connue depuis le best-seller et la série télévisée à succès dont la saison 2 vient de débuter en Italie. Racket, blanchiment, trafics d'armes et de déchets toxiques... Cette ville fut longtemps le fief et la place forte financière des plus puissants clans de la Camorra. Une page de son histoire que les habitants voudraient enfin tourner.

A l'été, la cour d'assises de Palerme doit rendre son verdict dans le procès de l'ex-président du Conseil Guilio Andreotti, jugé pour association mafieuse. A travers son cas, ce sont les liens étroits tissés depuis des décennies entre la mafia et la classe politique italienne qui sont dévoilés au grand jour.

Avec 60,5 millions d’habitants et un PIB d’environ 2 100 milliards de dollars, le poids de l’Italie était encore, au début des années 2010, proche de celui de la France ou du Royaume-Uni. Toutefois, la contraction de 10% de la richesse produite depuis 2008 (1858 milliards de dollars en 2017) réactive la figure d’"homme malade de l’Europe". Au traditionnel clivage territorial Nord/Sud s’ajoutent les inégalités sociales croissantes et une fracture générationnelle tandis que le modèle économique peine à se renouveler.

Dans ce bourg proche de Palerme, le maire est une femme qui ose dire non à la Mafia. Et certaines de ses administrées sont des épouses d'assassins emprisonnés.

Bernardo Provenzano est en Italie l'ennemi public numéro un. Antonio Manganelli, préfet de police de Palerme, s'est promis de mettre à l'ombre le dernier grand fugitif de la Mafia. Récit.

Ou comment des milliers de volontaires reprennent aux hors-la-loi l'extraordinaire sous-sol de leur ville... Une fantastique bataille culturelle.

Ils sont plus d'un millier à s'être dit un jour "Je ne veux pas que mes enfants deviennent des criminels comme moi", et à avoir dénoncé leurs parrains. En échange, ils bénéficient de la protection de la police, sous la direction jusqu'à ces derniers jours, du superflic Antonio Manganelli...

"Je suis la dernière de ma lignée et je vais mourir", dit Teresa Cordopatri, condamnée à mort par la Mafia calabraise parce qu'elle a osé braver la loi des clans. "Mais je ne céderai pas : je ne veux pas décevoir mes ancêtres".

L'ancien président du Conseil, accusé de collusion avec Cosa Nostra, a incarné pendant des années le pouvoir de la Démocratie-chrétienne. Son procès sera celui de toutes les compromissions de la politique italienne de l'après-guerre.

Durement ébranlée par la police, Cosa Nostra doit aussi compter avec la résistance des Palermitains eux-mêmes, qui ont entrepris de s'arracher à l'emprise de la Pieuvre...