Elke Sleurs, N-VA et ministre fédérale des musées, relance la chasse aux trésors artistiques dérobés dans nos régions sous la Révolution française. Avec l'assurance de rentrer bredouille. Mais la bravade a tout pour plaire en Flandre.

Le discours d'Emmanuel Macron à Ouagadougou, le 28 novembre 2017, ébranle les musées.

Rénové en profondeur, le musée royal de l'Afrique centrale à Tervuren rouvre ses portes le 8 décembre. Le secrétaire perpétuel de l'Académie royale, historien de l'art, dit pourquoi il est indispensable de conserver le patrimoine. Même controversé. Seule la mise à distance du passé permet, dit-il, de construire une société de progrès.

Boris Eltsine a dû plier et promulguer la loi de nationalisation des trophées de la dernière guerre : 200 000 oeuvres d'art, plus de 500 000 livres rares et plusieurs kilomètres d'archives saisis en Allemagne par l'armée rouge sont devenus propriétés russes.

La restitution des objets d'art dérobés à leur pays d'origine prend cette année un tour nouveau. Dans le rapport qu'ils ont remis à Emmanuel Macron en novembre 2018, Felwine Sarr et Bénédicte Savoy n'ont pas hésité à prôner une large "translocation" des objets vers les pays africains. Certains conservateurs de musée ont toussé. Mais le mouvement semble maintenant irréversible, en Europe et ailleurs.

Le Louvre et le British Museum sont épinglés pour posséder des objets très emblématiques de leurs pays d'origine. Samuel Sidibé plaide pour la restitution. Anne-Christine Taylor suggère une idée qui ne lèse pas les musées détenteurs.

Après la loi de 2002 sur la restitution de la Vénus Hottentote, la loi de 2010 sur le déclassement des têtes maories pose la question de la place des ″vestiges humains″ dans les collections nationales. Or le ″déclassement″ de biens entrés dans le domaine public est une procédure juridique lourde qui nécessite de se fonder sur des critères précis. Le droit français et le code de Déontologie de l'ICOM permettent d'élaborer une grille d'évaluation afin de répondre à cette question.

Confronté aux demandes de restitution d'oeuvres, l'historien de l'art rappelle avec force que ces hauts lieux de la culture ne sont pas au service d'une nation.