Ne dîtes pas au président que l'UMP a lourdement perdu le premier tour des élections régionales, il feint de croire qu'il n'aura pas besoin de s'adapter à la nouvelle donne. Mais il devra affronter les doutes de son propre camp.

C'est à l'issue de trois jours de réflexion que le Premier ministre a décidé de se battre pour conserver son poste. Et de le dire.

Le discours électoral ne peut pas ignorer la transformation de l'action publique. Quels que soient les choix et les engagements des vainqueurs des élections, ils doivent tenir compte des contraintes temporelles, des échelles multiples des décisions, des entrecroisements, des responsabilités. Comment défendre l'action politique sans ignorer les recompositions de l'Etat ?

Depuis l'épisode du Fouquet's que le président Sarkozy traîna comme un boulet bling-bling tout au long de son quinquennat, l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron était en quête de la performance zéro défaut le 7 mai 2017.

Les candidats s'affrontent violemment. Mais sur les questions décisives - le pouvoir de la finance, le sort des quartiers les plus pauvres, l'efficacité de l'Etat - ils restent étrangement discrets.

A la biographie-portrait publiée à l'automne dernier par notre ami Claude Askolovitch ("Lionel", "Grasset"), il manquait un chapitre en forme d'épilogue qui pourrait s'intituler "Le rendez-vous manqué", ou encore "Chronique d'une déroute impossible". Ce chapitre, le voici.

Il a suffi qu'un instituteur retraité trop curieux mette son nez dans les comptes pour qu'on s'aperçoive que la campagne TGV menée par Bernadette Chirac coûte parfois plus aux contribuables qu'elle ne rapporte aux hôpitaux.

Pour le chef de l'Etat, seul compte le face-à-face entre le spectateur-citoyen et le héros-président. Et comme dans un feuilleton télévisé chaque épisode chasse le précédent. L'affaire tchadienne et l'équipée du Guilvinec sont une nouvelle illustration de cette mise en scène permanente qui ravale tous les autres acteurs au rang de seconds rôles ou des simples figurants.