La candidate socialiste a pris un temps d'avance sur lui. Du coup, le ministre de l'Intérieur feint l'indifférence. Non ! Ségolène Royal ne mord pas sur son électorat. Non ! elle ne lui a pas volé la palme de la nouveauté. Et même s'il n'est pas facile d'affronter une femme, le problème, à ses yeux, n'est pas insurmontable...

Finis les complexes et tant pis si le microcosme continue à le regarder de haut. Le président de l'UDF se définit comme "le candidat central et républicain", manière de dire qu'à ses yeux ni Sarko ni Ségo ne tiendront la distance.

Il l'avait promis, il le fait ! Iconoclaste et pragmatique, l'homme qui veut sauver la Terre commence par bousculer la présidentielle avec des propositions qui décoiffent. Son rêve ? Mettre l'écologie au coeur de la campagne. Sa menace si on ne l'écoute pas ? Etre lui-même candidat...

Un nouveau mandat pour son mari en 2007 ? La femme du président y est très favorable. Déjà elle y travaille... Sur Chirac, mais aussi Sarkozy et Ségolène Royal, elle dit à Carole Barjon ce qu'elle a sur le coeur.

En exclusivité pour "Le Nouvel Observateur", la candidate socialiste explique pourquoi elle est "favorable à la signature du pacte écologiste". Elle répond point par point à ses propositions qui sont, à ses yeux, "des premiers pas" encore insuffisants pour relever le triple défi de la lutte pour l'environnement, de l'urgence sociale et du développement économique durable.

Pour Bayrou, c'est une manière de contourner les médias traditionnels. Pour Sarko et Ségo, c'est plus l'instrument d'une nouvelle puissance que le vecteur d'une démocratie rénovée. Même Le Pen s'y est mis. Fini le temps des "mulots", chers à Chirac. La présidentielle, cette fois-ci, sera cyber. Voyage dans l'univers impitoyable de la nouvelle Toile politique.

Entre une candidate baroque qui tient avant tout à sa liberté et un premier secrétaire frustré de ne pas avoir pu tenter sa chance, la cohabitation est parfois difficile.

La machine électorale du candidat de l'UMP se met en place. Discrète mais omniprésente, Cécilia est une des pièces maîtresses du dispositif. Le choix d'un congrès imposant mais sobre, le discours du candidat, le maintien de son mari au gouvernement, la composition du staff, rien ne lui échappe...

Lundi 22 janvier 2007, il a dit non. Peur de ne pas être à la hauteur ? Vertige du succès ? Ou au contraire, volonté de ne pas nourrir le populisme ? Jusqu'au bout, le nouveau pape de l'écologie aura tout vécu : les menaces de Sarko, le chantage de Ségo, les pressions de TF1, les encouragements intéressés des nouveaux convertis, les doutes de ses vieux amis.

Deux favoris omniprésents dans la presse, des centaines de journalistes collés à leurs basques, la vie privée des candidats en tête de gondole, des campagnes de déstabilisation sur internet... Jamais une présidentielle n'aura été aussi outrageusement mise en scène.

Sa méthode rend les Français perplexes. Sa personnalité instille le trouble jusque dans les rangs de la gauche.

C'est la somme des humiliations que le parti chiraquien lui a fait subir qui l'a poussé à s'émanciper. Désormais il est prêt à tout : à tendre la main à la gauche s'il affronte Sarkozy au second tour, ou à s'entendre avec la droite si le rêve passe.