Alors que le tirage de la Coupe du monde 2022 vient d'avoir lieu, le Qatar se veut toujours un exemple de progressisme sur la scène internationale. Investissements sportifs ou humanitaires et médias tournés vers le droit des minorités... en Occident font partie du "soft power" du riche émirat. Pourtant, sur place, des centaines de milliers de travailleurs pauvres venus d'Asie et d'Afrique - maillons essentiels pour qu'ait lieu le Mondial - restent aujourd'hui relégués dans la banlieue de Doha, où leurs droits et leurs conditions de vie n'ont toujours rien d'enviable.

Face au quartier de West Bay, à Doha, une sculpture du trophée de la Coupe du monde de football affiche le décompte avant que le coup d'envoi de l'édition 2022 ne soit donné le 21 novembre 2022. Le pouvoir inscrit au coeur de l'urbanisme l'accueil des événements sportifs majeurs par leur symbole. L'émirat les conçoit comme la représentation de ses triomphes sur la scène mondiale, voie que ses voisins tentent d'emprunter.

La désignation du Qatar pour la Coupe du monde 2022 est révélatrice du pouvoir de l’argent dans le sport et de la déconnexion des monarchies du Golfe avec les réalités du monde. Cela fait penser à une petite blague. La voici!

Dans moins de deux mois débutera la Coupe du monde de foot au Qatar. Comme d'autres pays pauvres, le Népal s'est résolu à laisser filer chaque année une partie de ses citoyens dans les pays du Golfe. Le Qatar a embauché des milliers de travailleurs népalais et en a tué des centaines pour l'organisation de cet événement sportif. Oubliées, abandonnées, les veuves des travailleurs décédés luttent pour la survie de leurs familles.

Environ 15 % de la population du Népal travaillerait actuellement à l'étranger, dont une grande partie au Qatar sur les chantiers en lien avec la Coupe du monde de football ou sur d'autres projets gargantuesques de la région. Une manne financière importante pour le petit pays du sous-continent indien, mais aussi un drame : chaque semaine, plusieurs corps reviennent sans vie, dans des cercueils.

Trop, c’est trop ! Les Français adorent le foot, mais, selon un sondage BVA, 55 % d’entre eux estiment que les joueurs devraient refuser de participer au Mondial au Qatar. La liste des griefs est longue comme un match avec prolongations : absurdité écologique, mépris des conditions de travail et des droits des femmes. Pour autant, les intellos, politiques et footeux interrogés par "Marianne" n’éteindront pas forcément leur télé entre le 20 novembre et le 10 décembre 2022.

La « grande fête du football mondial » tourne à un sinistre carnaval, qui couronne plusieurs décennies de dérives du ballon rond et de ses institutions. Sommaire. La Coupe du monde de trop. Carole Gomez : « Le monde du sport continue de se saborder ». Sous la pelouse, les forçats. L'impact incertain des appels au boycott.