Si "2001, l'odyssée de l'espace" et "La Planète des singes" resteront dans les mémoires, tandis que "Ne jouez pas avec tes Martiens" et "Je t'aime, je t'aime" sombreront dans l'oubli, ces quatre films traduisent les préoccupations d'une société happée par le progrès.

C'est une série de plans, tirée comme une rafale, qui ouvre "Muriel ou le Temps d'un retour" : une poignée de porte, une bouilloire, un sac à main, un lustre, une cigarette portée à la bouche, un pied qui pivote... 25 plans en 20 secondes, comme un vaste collage cubiste où objets et détails humains sont mis à égalité. Nous sommes à la porte d'Hélène Aughain (Delphine Seyrig), la belle antiquaire attend fébrilement son amour de jeunesse, Alphonse (Jean-Pierre Kerien), qu'elle n'a pas revu depuis vingt ans.

De film en film, Alain Resnais est devenu, à la fin de ses jours, le cinéaste français le plus célèbre et le plus mystérieux. Inclassable, insaisissable, il est aujourd’hui le plus commenté, le plus étudié, celui qui inspire un si grand nombre de travaux de chercheurs, d’historiens, de cinéphiles et de critiques. Que penser d’une telle admiration, unanime et sans réserve ? Ni Truffaut, ni Demy, ni Rohmer, ni Chabrol n’ont eu le privilège d’une telle gloire. Est-ce l’homme, l’oeuvre ou le citoyen qui mérite tant d’éclat ?