Le scandale sanitaire lève un coin du voile sur les pratiques ahurissantes du laboratoire Servier. Enquête.

Le scandale du Médiator est abordé quasi exclusivement sous l'angle des conflits d'intérêts dans la vie publique. L'existence de liens financiers entre certains responsables des autorités sanitaires et les laboratoires Servier n'est pourtant pas le seul élément explicatif d'une affaire qui n'est pas sans évoquer celle du sang contaminé.

Le rapport de l'Inspection générale des Affaires sociales, remis au ministre de la Santé le 15 janvier dernier, démonte les mécanismes de l'affaire du Mediator, notamment les défaillances du contrôle public. Or, le système actuel, appuyé sur des agences et un large recours aux experts, avait été créé, après le scandale du sang contaminé, pour reconstruire un vrai système de santé publique. Tout est-il, une nouvelle fois, à reprendre ?

Médecin, Irène Frachon publie en juin 2010 "Mediator 150 mg, combien de morts ?" (Editions dialogues.fr). Les laboratoires Servier portent plainte. La justice décide du retrait du sous-titre, "Combien de morts ?". Six mois plus tard, après une longue bataille, un rapport officiel répond à la question interdite : le Mediator, un médicament coupe-faim, serait responsable d'au moins cinq cents morts.

Issu d'une formation en médecine, physiologie et pharmacologie, Emmanuel Canet a rejoint le groupe Servier en 1990 comme responsable d'une équipe de recherche en pharmacologie.

Sans elle, le célèbre coupe-faim du laboratoire Servier continuerait de faire des ravages. Confrontée à des décès suspects, la pneumologue Irène Frachon a mené l'enquête et bataillé trois ans pour que les autorités ouvrent les yeux.

Dans leur rapport, les inspecteurs de l'Igas pointent ce grand professeur de biologie pour ses défaillances et sa proximité avec Servier.

Ce médicament contre l'ostéoporose est d'abord un sacré coup de marketing. Il se révèle inefficace et dangereux.

Un marketing agressif. Une presse médicale sous influence. Des systèmes de validation complaisants. Voici comment un traitement contre l'ostéoporose aux effets secondaires redoutables et aux bénéfices thérapeutiques douteux a pu prospérer pendant sept ans.

Cet antidiabétique du laboratoire Servier, utilisé comme coupe-faim, était prescrit à 300 000 Français jusqu'à l'an dernier. Il s'est révélé parfois mortel. Récit des dysfonctionnements qui ont causé ce drame.