Ce texte revient sur les effets produits par la disparition des témoins sur l’historiographie de la Shoah. Il interroge la spécificité du « tournant testimonial » en le situant au carrefour de plusieurs temporalités, politiques, archivistiques, historiographiques et biographiques. Au cours de ce passage de témoins à une nouvelle génération de chercheurs et de chercheuses, la relation aux sources est modifiée. Elle évolue vers une routinisation des pratiques sur des terrains longtemps définis par leur exceptionnalité.

Les "landsmanshaftn" ou sociétés de secours mutuels, oeuvrèrent à l’intégration économique et culturelle des juifs polonais en France, de la fin du 19e siècle aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale. Après la Shoah, elles deviennent également des réceptacles privilégiés des expériences traumatiques de leurs membres survivants ou nouvellement arrivés de Pologne. Pourtant, elles sont encore peu étudiées comme sources pour l’histoire de la Shoah alors même qu’elles disparaissent depuis les années 1980.

La guerre Israël-Hamas libère l'expression de l'antisémitisme en France, dans une relative indifférence. Le sociologue Michel Wieviorka replace ce phénomène dans le temps long.

Après l'entretien avec son programmateur Arnaud Hée paru dans les "Cahiers" de novembre 2023 en amont de la rétrospective que consacrait à Paris la Bibliothèque publique d'information à Claude Lanzmann, retour sur les débats de haute tenue qui se sont déroulés en novembre au Centre Pompidou et au Mémorial de la Shoah.

Spécialiste de la Shoah et de sa mémoire, Annette Wieviorka est l'invitée d'honneur des Rendez-vous de l'Histoire de Blois. Sur sa propre vie, elle pose le même regard exigeant. Rencontre avec une penseuse hors norme.

L’immédiat après-1945 fut-il en France, comme on l’a souvent dit et lu, marqué par l’absence d’une mémoire collective de la Shoah ? Rien n’est moins sûr aujourd’hui, car de récentes publications sur l’histoire de la mémoire nuancent fortement la chronologie habituelle faisant de la période allant de la Libération aux années 1970 un creux mémoriel, avant le "réveil" de la mémoire.

"Tu as de la chance avec les femmes, Bel Ami. Tellement de chance avec les femmes, Bel Ami... ", répète d'une voix suave l'acteur Willi Forst dans une chanson intitulée "Du hast Glück bei den Frau'n, Bel Ami !" (dont une version figure dans le film "Bel Ami" que le comédien autrichien réalisa lui-même en 1939). Ce foxtrot suranné, dont la frivolité est typique des comédies tournées sous le IIIe Reich, fait irruption dans le documentaire "The Memory of justice" (1976) de Marcel Ophuls, alors qu'une demi-douzaine de femmes et d'hommes se prélassent, intégralement nus, dans un sauna de Hambourg.

La philosophe et psychanalyste Sabine Prokhoris livre son analyse du documentaire polonais intitulé "Promenade à Cracovie" qui revient sur les retrouvailles de deux amis, Roman Polanski et Ryszard Horowitz, sur les lieux de leur enfance au passé douloureux.