Pour : du Chostakovitch joué comme du Mozart et l'humour nécessaire au Concerto n°1. Contre : pas beaucoup d'âme dans cette version sage et mesurée loin de la fougue de son premier disque.

Le grand compositeur russe est mort il y a quarante ans. Depuis, nombre de partitions rares ou inachevées ont fait surface. Un vrai travail d'archéologie est en cours, rendu possible par la fin du communisme et l'ouverture des archives du musicien, qui a changé en profondeur l'image que nous avions de lui et de son oeuvre. Nous avons voulu compléter cet hommage par un aperçu de l'homme Chostakovitch, hanté à jamais par la tragédie de la terreur stalinienne. Enquête.

En 1941-42, alors que Saint-Pétersbourg, affamée, endure le terrible siège de l'armée allemande, cette oeuvre musicale composée par Dmitri Ghostakovitch va devenir le symbole de la résistance. Et son histoire sera des plus mouvementées.

Ce compositeur controversé de l'ère stalinienne fascine autant qu'il dérange. Un homme écartelé entre la liberté de sa virtuosité et la contrainte bureaucratique du régime soviétique. Grandeurs et déchéance de l'artiste officiel.

La Correspondance du compositeur fait justice de l'humiliante réputation que lui firent les autorités soviétiques, comme les critiques occidentaux...

Parfois une oeuvre rencontre son metteur en scène. "Le Nez" de Chostakovitch et William Kentridge se sont ainsi trouvés, au Met en 2010 puis, l'année suivante, au Festival d'Aix-en-Provence et à l'Opéra de Lyon. Soudain, deux heures sans entracte de musique abrupte et d'humour grinçant, de théâtre absurde et de codes lyriques sauvagement assassinés, se muaient en une soirée jubilatoire, acclamée par une salle enthousiaste.

Comment rester un artiste libre dans l'URSS de Staline ? Pour répondre à ce défi, le compositeur russe utilisa trois stratégies : la ruse, le détournement des commandes et le sabotage...

Selon certaines sources biographiques, le compositeur Dmitri Chotakovitch aurait reçu un éclat d'obus dans la tête pendant la Seconde Guerre mondiale. Cet éclat, en appuyant sur certaines zones de son cerveau, lui aurait fait entendre des mélodies sous formes d'hallucinations, dont il se serait inspiré pour ses oeuvres

Face à une discographie pléthorique, Mariss Jansons et le Concertgebouw d'Amsterdam réussissent l'impossible pari d'allier luxuriance et mystère, tensions paroxystiques et beauté des timbres et d'inscrire leur enregistrement de cette « Dixième » de Chostakovitch comme la référence moderne.