Tourné avant l'offensive russe de février 2022, "Le serment de Pamfir" montre une Ukraine universelle hantée de personnages symboliques et complexes, signant la naissance d'un grand cinéaste.

Pamfir est de retour ! La nouvelle arrive au village alors que les forêts sont parées des teintes d'un automne avancé et qu'on prépare déjà la Malanka, fête traditionnelle ukrainienne qui se déroule au mois de janvier. Toutes les conditions semblent réunies pour un récit mythologique : le grand froid d'un climat continental, un décor marqué par des traditions ancestrales, un héros qui est déjà une légende. On sait qu'il a crevé un oeil à son père, on fait aux enfants le récit presque épique de ses exploits de jeunesse, on le désigne par un surnom aux évocations animales.

Dès la scène d'ouverture du "Serment de Pamfir", premier long métrage ukrainien de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, nous savons immédiatement que nous sommes en présence d'un grand cinéaste. Dans un déluge de lumières, la caméra tournoie vers un homme masqué qui, d'un geste, nous invite à pénétrer son univers rural et fantaisiste. Présenté en mai dernier à la Quinzaine des réalisateurs, "Le Serment de Pamfir" mêle en un fascinant syncrétisme d'influences contes et légendes ukrainiennes, pittoresque traditionnel et codes du film noir américain et coréen.