Le président de la Banque centrale européenne sera le vrai maître de notre politique économique. Voilà pourquoi, six mois avant sa nomination, la France vient de présenter la candidature de Jean-Claude Trichet.

"Il f*ut être irresponsable pour faire battre des records à notre monnaie alors que la croissance s'est ralentie", entend-on à Matignon. Mais le gouverneur de la Banque de France tient bon.

En engageant une information judiciaire sur le désastre du Crédit lyonnais, le chef de l'Etat vise surtout à mettre au pas l'ancien directeur du Trésor aujourd'hui à la tête de la Banque de France.

Tout les oppose : le style, la personnalité, la conception de l'économie. Entre le président de la République et le patron de la Banque de France, c'est le bras de fer permanent...

Effondrement de la consommation, ralentissement de la croissance, hausse des impôts... Le président s'est-il, comme beaucoup le croient, rallié au tout-monétaire et à son champion Jean-Claude Trichet ?...

Depuis le 1er janvier 1994, le gouverneur de la Banque de France n'a plus à obéir au gouvernement. Avec les huit autres membres du Conseil de Politique monétaire, il règne désormais en maître sur le franc et décide seul du niveau des taux d'intérêts. C'est dire son influence sur l'économie française !...

Pour bon nombre de députés et de patrons, les responsables de la crise, ce sont les technocrates du ministère des Finances, qui, depuis 1983, imposent leur diktat à l'économie française. Et d'abord le directeur du Trésor, Jean-Claude Trichet, apôtre du franc fort.

Après le franc fort, l'euro fort ! Le nouveau patron de la Banque centrale européenne est un ennemi juré du taxisme budgétaire et monétaire. Selon ses critères, la France a tout du mauvais élève.

Chirac le critique, Sarkozy veut réduire son pouvoir. Le président de la Banque centrale est pris dans la tourmente, dans une Europe où la croissance patine.

L'actuel gouverneur de la Banque de France avait-il donné son aval à d'éventuels faux bilans du Crédit Lyonnais ?