Le futur boss canadien d'Air France-KLM regrette-t-il déjà de quitter un pays où les pilotes n'ont pas le droit de grève ?

Alors que de nouvelles négociations s'ouvrent cette semaine, notamment avec les pilotes, comment le Canadien Benjamin Smith, le nouvel homme fort d'Air France-KLM, compte-t-il imposer son style ?

Depuis l'atterrissage, il y a six mois, d'un Canadien à sa tête, Air France-KLM vit un choc des cultures. Rencontre exclusive avec Ben Smith.

Flatter l'ego des pilotes. dialoguer avec les syndicalistes grincheux et régaler les clients fortunés. Benjamin Smith semble avoir trouvé les bonnes commandes pour faire décoller la compagnie. Et traverser les turbulences.

Situation délicate pour le transporteur aérien français Air France qui, concurrencé par les compagnies low cost et celles du Golf, cherche à s'adapter mais attise la méfiance de son personnel. Car après son plan Transform, lancé en 2012, avec à la clé la suppression de 5000 postes, le groupe vise désormais, en 2017, la création d'une nouvelle compagnie à coûts réduits dans le cadre de son projet Boost. Les premiers vols sont prévus pour octobre 2017 sur les moyens-courriers. Les syndicats, sans rejeter le principe d'une nouvelle compagnie, expriment un doute sur la vraie nature du changement.

Il ne sera resté que deux ans aux manettes. Jean-Marc Janaillac, un proche de François Hollande, devait rétablir le dialogue social au sein de la compagnie. Désavoué par son personnel qui a refusé à 55,4% raccord salarial proposé, le PDG dresse un constat désabusé.

Recapitalisation, compétitivité, bataille contre les low-cost, Transavia et nouveau plan de départs... Benjamin Smith dresse le bilan de santé d'Air France-KLM.

"Je me bats statuts sociaux contre statuts sociaux face à Qatar Airways, Singapore Airlines, ... ", se lamentait Alexandre de Juniac lorsqu'il était à la tête d'Air France-KLM. Sous son impulsion, cette "bataille" s'est traduite par des milliers de départs non remplacés, des salaires gelés, un surcroît de travail non rémunéré. De quoi engendrer quelques échauffourées... "Le patronat n'a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses !" écrivait Jean Jaurès en 1906.