De "Chronique d'une liaison passagère", le film précédent d'Emmanuel Mouret, on gardait le souvenir d'un récit à la fois concis et aérien, soucieux de laisser son couple d'amants temporiser, remettre les choses sérieuses à plus tard, quitte à passer à côté d'une véritable histoire. S'il a souvent compensé, chez le cinéaste, la pénible instabilité des sentiments, cet idéal du "temps qui reste" prend dès le début de "Trois amies" un sévère coup dans l'aile : quitté par sa compagne Joan (India Hair), Victor (Vincent Macaigne), ivre et malheureux, meurt dans un accident de voiture.

Pour sa 20e édition, qui a eu lieu du 4 au 9 octobre, le festival Cinémondes à Berck-sur-Mer a invité pas moins de trois des plus grands cinéastes vivants à présenter certains de leurs films et à proposer des cartes blanches.

La palme d'or de cette année 2024 est une grande palme d'or. Sean Baker avec "Anora" signe un grand film sur le sexe.

Les "Cahiers" font leur rétrospective de l'année 2024. Sommaire. Top 10 de la rédaction. Poussières d'an pire. Séquelles du clown. Cocorico. Sex and the pity. Un cruel manque de hauteur. That was entertainment. L'année de cinéma de Ryûsuke Hamaguchi,Payai Kapadia, Rodrigo Moreno,Jonâs Trueba.

Après six ans d'interruption, la 12e édition du Festival international du film arabe d'Oran avait des allures de nouvelle première fois. L'occasion de dresser un état des lieux d'un paysage cinématographique algérien sinistré.

Plusieurs premiers longs métrages français ont fait sensation cette année à Cannes, dont "Le Royaume" de Julien Colonna, présenté à Un certain regard. Sa puissante originalité consiste à mêler l'histoire intime (et universelle) des rapports père-enfant à une ample fresque, qui évite les pièges du film à thèse sur le "problème corse". Son style allie l'hyperréalisme du portrait de milieu avec l'élégie tragique de certains westerns crépusculaires et pose la question de la masculinité toxique au sein d'un groupe social (le scénario est coécrit par Jeanne Herry).

Nul besoin d'accoster les rives lumineuses du Lido pour réaliser à quel point le cinéma est un art miroir, on est d'accord. Reste que la 81e Mostra, chahutée par une canicule pesante, étouffante, a semblé particulièrement soucieuse de refléter notre époque, ses crises et ses contradictions. Sommaire. La cité des femmes (ou presque). Triomphe des auteurs professionnels.

Sur près de deux ans, nous suivons les trajectoires des trois amies du titre : Joan, Alice et Rebecca. Contrairement à Rohmer, Mouret ne s'entoure pas d'une troupe de comédiens. Au contraire, à chaque nouveau film, il renouvelle son casting de manière surprenante.

Jay connaît Tokyo comme sa poche. Il a beau être un gaijin, un étranger, il parle couramment japonais et a l'expérience nécessaire pour aider un collègue égaré. Au cours d'une virée nocturne dans les lumières de la ville, Guillaume Senez nous embarque dans la vie d'un chauffeur de taxi français, visiblement éprouvé à la veille de son retour définitif en France. On comprend l'amertume liée à ce départ, avec l'appel d'une amie avocate le lançant aux trousses d'une Française qui risque gros pour avoir osé se rendre devant chez son mari.

Est-ce de la goujaterie pure et simple ou, au contraire, une pudeur d'un autre temps ? L'élégance désuète d'une époque où un homme ne rompt de visu ses fiançailles sans compromettre à jamais l'honneur féminin ? Alors, pour être un gentleman, autant disparaître dans la nature... "Grand Tour" est un film gigogne, dont le noyau scénaristique rappelle les grandes lignes de la comédie du remariage : l'histoire rocambolesque d'une fiancée abandonnée à l'autre bout du monde qui cherche à confronter son promis à sa lâcheté.

Un problème paradoxal se pose, notamment au lecteur de "Positif" peu habitué à l'exégèse pratiquée par les "akermaniaques", après que "Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975)" a été élu par la revue "Sight and Sound", sur consultation d'un collège de 1639 spécialistes, "meilleur film de tous les temps".

La fin du livre est toute proche lorsque Bertrand Tavernier cite, à propos du réalisateur Francis Mankiewicz, une phrase de la romancière québécoise Gabrielle Roy : "La mort du présent n'est rien. C'est la perte de l'avenir en soi qui est déchirante." À quel moment a-t-il compris qu'il ne finirait pas ses Mémoires, entrepris à défaut de pouvoir tourner encore des films, alors que le monde était soudain mis à l'arrêt par une pandémie, et qui nous sont donnés non seulement inachevés, mais aussi sans avoir été relus, lissés, affinés par son auteur ?