Comme les manifestants français – ceux de Mai 68, mais aussi ceux qui se mobilisent pour la « zone à défendre » de Notre-Dame-des-Landes ou contre la sélection universitaire à Nanterre –, les protestataires du monde entier font une expérience commune : l’inhalation de gaz lacrymogène. En un siècle, cette arme présentée comme inoffensive s’est imposée comme l’outil universel du maintien de l’ordre.

Ce dossier explore l’histoire du maintien de l’ordre colonial à travers celle des pratiques et des acteurs qui ont participé de manière déterminante à la structuration et au fonctionnement quotidien de l’administration du contrôle sur le continent africain, pendant la période coloniale.

Cet article a pour objet l’histoire comparée des unités sahariennes de maintien de l’ordre dans deux anciennes colonies françaises, à l’heure de la construction des institutions nationales. L’examen du quotidien de ces unités ainsi que des débats suscités par leur organisation montre que les politiques de l’ordre de l’État colonial tardif, tout en obéissant à des logiques comparables, ont des effets contrastés d’une situation postcoloniale à l’autre.

A travers trois études de cas, cet article se penche sur l’usage de techniques « ethnographiques » dans l’exercice quotidien du pouvoir au Congo belge, pendant les années 1930. Dans le Kwango-Kwilu, des fonctionnaires territoriaux tentent de retracer des généalogies claniques afin de servir de support à des déplacements forcés de population. L’enquête suivant le meurtre d’un agent de l’Etat fait montre du manque de connaissance des cosmogonies et des dynamiques locales par l’administration.

Dans les années 1920, les tribunaux coloniaux de Guinée française et de Côte d’Ivoire furent pris d’une fièvre de condamnations à mort à l’encontre de criminels d’un genre spécial : les anthropophages. Cet article analyse l’histoire de cet épisode et montre comment les condamnations pour anthropophagie sont avant tout issues d’impératifs politiques coloniaux, nourris par des fantasmes à l’égard des peuples africains.

Cet article propose une analyse du quotidien des chefs de poste dans la circonscription de Cacheu (Guinée-Bissau) à travers l’analyse de leurs journaux de service. La mise en récit de leurs journées souligne à la fois le caractère répétitif de leurs tâches et la monotonie de leurs journées. L’écriture du journal est elle aussi répétitive et monotone, renforçant l’idée de stabilité du pouvoir colonial local. Néanmoins, la routine des chefs de poste est souvent brisée par des incidents ou des résistances, cassant par là même l’image d’un récit uniforme.

« Écoterroriste », « membre de l'ultragauche » ou « élément radical »... Peu importe le nom de cet ennemi : pour les tenants de l'ordre, chaque mobilisation sociale est l'occasion d'imaginer une loi pour l'éradiquer. Quitte à rogner des libertés ou à contredire la Constitution.

Dans les services publics, les commerces, les transports, la restauration..., les incivilités, les insultes, les agressions se multiplient et les professionnels sont au bout du rouleau. Sommaire. Les raisons d'un "pétage de plombs". Steven Pinker : "Quand la violence baisse, c'est invisible pour la presse". Manuel Vals : "Nous devons répondre à la demande d'ordre républicain". Déjà, chez les Romains... Du côté des adolescents. Giuliano da Empoli : "On peut parler de 'décivilisation' numérique".

Déployés dans les rues de Dakar lors des émeutes qui ont suivi la condamnation d'Ousmane Sonko, au début de juin, les militaires se tiennent - pour le moment - à l'écart des soubresauts qui agitent le pays.

Olivio, Nathalie, Souheil, Jean- Paul, Fadjigui, Boubacar, Rayana, Omar, Rihanne, Adam... Leur point commun ? Comme Nahel, ils et elles ont été tué·es par des policiers ou des gendarmes lors d’un contrôle routier, au motif du "refus d’obtempérer". Au moins 21 personnes sont mortes dans ces circonstances depuis 2020 – année de l’arrivée de Gérald Darmanin à la tête du ministère de l’Intérieur –, jusqu’à ce funeste 27 juin 2023, à Nanterre. En quinze ans, de 2002 à 2017, 17 personnes ont trouvé la mort à la suite d’un refus d’obtempérer, contre 32 depuis 2017.

La République en danger. Pillages, incendies, violences envers les élus, attaques contre les biens publics et les forces de l'ordre... Une jeunesse sans repères se déchaîne comme jamais. Comment en sommes nous-arrivés là ? Sommaire. Vincent Jeanbrun, "maire courage". Des élus debout. Policiers, mission impossible ? Boris Cyrulnik : "Ces enfants sont désespérés car ils ne sont pas tutorisés". La presse, cible des émeutiers. A Montargis, ville meurtrie. Au pied du mur. Quand la pop culture influence la violence. Les incendiaires, les complices et les profiteurs.

Depuis deux siècles, explique le philosophe, l'État de droit, censé garantir la sécurité collective, est dénoncé comme étant lui-même source de violence, mettant en lumière la fragilité de notre contrat social.