Elle ne s'est pas tue, la voix qui traverse les derniers livres d'Eric Sautou et prend corps à nouveau dans Beaupré. Le nom de ce lieu, où vivait la mère, devient métonymie. Soustrait par sa mort, il fait pourtant encore entendre une conversation qui s'éloigne.

Né à Milan en 1951, Milo De Angelis est l'un des poètes les plus significatifs dans le panorama de la poésie italienne contemporaine, devenu un point de repère pour les jeunes poètes d'aujourd'hui : il s'insère dans une tradition antagonique de l' « habiter en poète » propre aussi bien au XXe siècle (Ungaretti, Montale) qu'au XIXe (Leopardi). Sommaire. Un destin dans la poésie. Attrapé au vol sous l'orage. Ligne continue, ligne brisée. Un chemin d'attirance, d'écho et de subtile métamorphose. Les banlieues du texte. Qu'est-ce que la poésie ?

Au départ, il y a sans doute chez Marc Le Gros un sentiment géographique puissant, d'abord pour les plages de ce Trégor où il est né, en 1947. C'est ce goût pour l'estran qui l'a naturellement conduit ensuite vers sa savoureuse « Saga des grèves », cinq ouvrages sur les poissons, crustacés, crabes, crevettes et jusqu'à ce petit mollusque comestible auquel il a consacré un livre entier, "Eloge de la palourde", qui en est actuellement à sa troisième édition (L 'Escampette, 2017). Et puis il a exploré d'autres contrées, les côtes italiennes, les îles grecques, la péninsule ibérique.

Rien semble-t-il n'aurait permis de rapprocher deux hommes aussi dissemblables : l'un nerveux, électrique, surchargé de travail, courant d'un texte à un film, d'une caméra à une polémique, sans cesse intervenant, avec rage et frénésie, dans le champ public ; l'autre immobile, ne voyageant jamais que du regard, tapi au fond de la bibliothèque où il travaillait, soucieux du temps plus que de l'histoire, du paysage plus que de la cité, et presque inconnu.

Lorsque l'Académie suédoise a décidé de décerner le prix Nobel de littérature 2020 à Louise Glück, la poétesse américaine n'a pas dissimulé son étonnement et sa peur : l'acclamation publique n'allait-elle pas ruiner l'intimité de sa poésie, et faire de sa voix solitaire la tête d'affiche d'une génération de poètes ?

Avec lucidité et acuité, le poète et critique Jean-Luc Steinmetz questionne la possibilité qu’aurait encore la poésie de dire notre monde actuel. Pour Jean-Luc Steinmetz, la poésie ne protège pas, elle expose. D’où sa fragilité, sa précarité, sa foncière résistance… et sa grande liberté. Comme le souligne Henri Scepi dans ce cahier : « À la fixité rassurante le poète préfère le mouvement qui délivre, à la stabilité des réponses le vertige des questions, aux arts de vivre l’air de vie — c’est-à-dire la quête de l’ouvert, qui oblige à se replacer au milieu des choses. » Sommaire.

L'oeuvre de Jean-Claude Barbé (1944-2017) sera demeurée longtemps confidentielle. Quelques rares poèmes publiés dans les revues "La Brèche" et "L' Archibra", une présence dans l'anthologie de la poésie surréaliste procurée par Jean-Louis Bédouin aux éditions Seghers, et c'est à peu près tout. Un long et presque absolu silence à partir de 1968, mais une oeuvre néanmoins poursuivie sans relâche et sur laquelle une publication récente a enfin levé le voile : "Bientôt l'éternité m'empêchera de vivre" (Le Réalgar, 2021 ). Ce livre nous permet de découvrir un pan significatif de l'oeuvre du poète.

Moins de dix-huit mois avant sa mort, le poète-écrivain Christian Bobin avait emmené Sébastien Lapaque de Clermont-Ferrand au Creusot en train régional, dont la paresse invite à regarder ce « très beau pays calme, quasi éternel ». Interrogé sur sa terre natale et sur l’écriture, Christian Bobin raconte sa « science intime du paysage », son goût de la lenteur et sa communion avec la nature. Amoureux du Creusot, ville au « songe interminable », il s’identifiait à ses fougères, confiant s’être déroulé grâce à l’écriture.

"Senghor et les arts. Réinventer l'universel", présenté jusqu'au 19 novembre au musée du Quai Branly-Jacques Chirac, à Paris, dans la galerie Marc Ladreit de Lacharrière - dont le Fonds finance l'exposition -, illustre admirablement la richesse des relations entre l'art africain, dans son apport unique, et les autres productions artistiques et culturelles de l'humanité.

Quelques jours avant sa mort, en juin 2016, j'ai eu le privilège de m'entretenir une dernière fois avec Yves Bonnefoy. Bien qu'il fût nonagénaire, c'était un homme d'une vitalité admirable avec une enfance mêlée de tendresse qui n'en finissait pas de s'allonger sur son couchant, comme il en a témoigné dans "L'Écharpe rouge", que reprend la "Bibliothèque de la Pléiade". Il était certes diminué, mais il était demeuré tel qu'il avait toujours été.

Depuis la publication de son premier livre en 1998, Cédric Demangeot, s’est peu à peu imposé comme l’une des voix poétiques les plus saisissantes de sa génération. Dans son oeuvre qui est le théâtre d’un affrontement très dur, très âpre avec le négatif, la poésie devient protestation de la vie contre tout ce qui l’entrave, la défigure et la nie. « La poésie - dit-il - doit saboter le réel et le rendre au vivant. » Sommaire. Le négatif en face. Sur la langue et l'écriture. Situation de Demangeot Les mots des autres. Témoignage. Cric de démontage. Le théâtre comme écriture. Nuit &jour.