Au rebours des playlists à la mode, Benjamin Alard explore chaque recoin de l'oeuvre pour clavier de Bach depuis sept ans. Le voici à mi-parcours de son intégrale discographique.

Disparu beaucoup trop tôt, Scott Ross (Pittsburgh 1951 - Assas 1989) reste l'un de ces géants au destin brisé sur lesquels le temps n'a aucune prise. Alors que "Diapason" publie, intégralement pour la première fois, le récital qu'il donnait au festival de Montreux le 30 août 1987, écoutons maître, amie, confrère et apôtres rendre hommage au meilleur des 'bad boys'.

Avec leurs "cousines", les quatre Suites pour orchestre, ce sont les pages de Bach les plus souvent enregistrées, ce dont témoigne une discographie pléthorique. La page de garde du manuscrit autographe des "Six Concerts avec plusieurs instruments", par chance parvenu jusqu'à nous, les dédie, en français, "à son Altesse Royale Monseigneur Chrétien Louis Marggraf de Brandenbourg" ; le musicologue Philipp Spitta leur donna donc le surnom de "brandebourgeois" sous lequel ils sont passés à la postérité.

De Schmelzer à Mendelssohn, cultivant ses affinités évidentes pour le répertoire italien, la violoniste ne cesse de nous enchanter, récoltant au passage éloges et récompenses.

Peut-on devenir une vedette en jouant de la flûte à bec ? Frans Brüggen y parvint, avant qu'à la tête de son Orchestre du XVIIIe siècle il imprime sa marque libre, savante et sensuelle aux répertoires classique et du premier romantisme.

De toute antiquité, la musique et la guerre ont eu partie liée. Les aèdes chantaient la gloire des héros ; les cohortes avançaient au son des buccins. Le Moyen Age invente la chanson de geste, sans doute dès les Carolingiens ; les 3 500 vers de la "Chanson de Guillaume", fixés vers le milieu du XIIIe siècle, sont un témoin rare de la faveur de l'épopée. Deux siècles plus tard, naît une chanson appelée à une fortune prodigieuse : "L'Homme armé". Plus de quarante messes l'utiliseront, signées notamment Dufay, Josquin, Obrecht, Palestrina, Morales. Le fracas des combats ?

Après avoir festoyé au disque chez le comte d’Artois, glanant au passage un Diapason d’or, Alexis Kossenko s’apprête à se mesurer à une partition quasi mythique : "Atys de Lully".

Déclarant que "l’instrument ne fait pas le style" mais partageant sa pratique entre claviers d’aujourd’hui et d’hier, Paul Badura-Skoda incarne une certaine idée du pianiste moderne.

« Mon voyage à Paris, prévu de longue date, eut lieu à la saint Michel en 1737 et dura huit mois. J’y avais été invité depuis nombre d’années par plusieurs virtuoses du lieu qui avaient pris goût à quelques-unes de mes œuvres imprimées. » En contact dès 1717-1718 avec le compositeur et théoricien Johann Mattheson (1681-1764) qui préparait son "Grundlage einer Ehrenpforte" (Fondement d’une porte d’honneur, 1740), Georg Philipp Telemann a rédigé une autobiographie pour cet ouvrage à la gloire des musiciens allemands.

Sur cordes en boyau ou en métal, la violoniste jette un regard neuf sur des répertoires très différents, avec une curiosité insatiable et un art parvenu à une rayonnante maturité.

Ténèbres. Prononcer ce mot en présence de l'amateur de musique baroque fera, dans l'instant, se lever images et sensations. Des cierges éteints l'un après l'autre ; les flammèches des flambeaux peints par Georges de La Tour ; une scène de "Tous les matins du monde" où la solitude d'un maître de la viole voué aux regrets accueille les mélismes de la "Troisième des Leçons" de François Couperin. Elles sont aujourd'hui les plus jouées, les plus enregistrées du vaste corpus légué par les XVIIe et XVIIIe siècles français.

Mort il y a tout juste trois siècles et demi, l'auteur des "Musicalische Exequien" fut un des pères de la musique allemande. Mais c'est l'Italie qui lui enseigna la science de l'espace et de l'expression. Au service de la parole sacrée, elle nourrit le parcours d'une vie dédiée à l'invention d'un art nouveau.

La page de titre ayant disparu, les "Sonates du Rosaire" (ainsi désignées depuis 1951) restent décidément énigmatiques. La dédicace à Maximilian Gandolph von Kuenburg de ces quinze pièces pour violon et basse continue augmentées d'une passacaille permet au moins de poser un cadre chronologique. Arrivé à Salzbourg durant l'hiver 1670-1671, Biber a vingt-six ans lorsqu'il entre au service du prince-archevêque - fervent partisan de la Contre-Réforme - qui rend son âme à Dieu le 3 mai 1687.

Musicien discret, Anner Bylsma inspire toujours les violoncellistes d'aujourd'hui. Etranger au dogmatisme, il affirmait que l'authenticité « était d'écouter quelqu'un jouer une pièce familière qui soudain apparaît bien plus belle qu'auparavant ».