Jacob Zuma, le futur président, a été élu grâce aux suffrages des classes populaires à qui il a fait beaucoup de promesses. S'il ne satisfait pas rapidement leurs revendications, il risque de le payer très cher

Depuis plusieurs jours, les Sud-Africains vivent au rythme de communiqués contradictoires sur l'état de santé du combattant de l'apartheid. Et personne ne semble rassuré.

Qu'il doit lui paraître long, ce deuxième mandat ! Conspué à l'Assemblée, accusé de corruption et empêtré dans plusieurs scandales, Jacob Zuma doit en plus affronter une opposition revigorée.

Jacob Zuma touche une rémunération supérieure à celle de David Cameron ou de François Hollande. De quoi ulcérer bien des Sud-Africains. Mais, au moins, eux savent précisément combien gagne leur président.

Les manifestants se sont tus mais la colère n'est pas retombée. Plus que le système éducatif, c'est le modèle de société postapartheid qui est mis en cause.

Il est marié à plusieurs femmes mais, avec son peuple, le divorce est dans l'air. Pratiques douteuses et bourdes en tout genre ... Le président exaspère à peu près tout le monde, y compris au sein de I'ANC.

Au-delà du symbole, Mmusi Maimane, icône médiatique et nouveau patron de l'Alliance démocratique, changera-t-il vraiment le cours de l'histoire de l'Afrique du Sud ?

Le meurtre récent du dirigeant d'extrême droite Eugène Terre'blanche a relancé le débat sur la fragilité de l'Afrique du Sud multiraciale. Pourtant depuis 1994, malgré ses tensions, ses rancoeurs et inégalités, l'Afrique du Sud est une démocratie qui ne fonctionne pas si mal.

Depuis le début des années 2000, pas une semaine ne se passe en Afrique du Sud sans émeute contre les autorités locales ou gouvernementales, sur des questions d'accès aux services publics de base, eau, électricité, éducation, logement, etc. Le tout, sur fond de récession depuis fin 2008, d'inflation annuelle tournant autour de 6% et de chômage endémique, un fléau qui frappe plus d'un quart des actifs.

Rien ne va plus pour l'ANC. Mais son faible score aux municipales traduit peut-être moins les progrès de l'opposition qu'un désaveu de Jacob Zuma.

La fronde gronde contre le président sud-africain, autour duquel s'amoncellent les scandales. Alors que son parti, l'ANC, est sur le point d'imploser, lui reste droit dans ses bottes.