Les cartes et les plans ne sont que des représentations du monde, par nature partielles et subjectives. Partielles, car certaines caractéristiques des territoires, des villes, des écosystèmes et des sociétés sont difficilement représentables, sinon irreprésentables. Comme les données d’ambiance, sensibles, qualitatives, ou les enjeux complexes, du fait du nombre de paramètres à intégrer, de leurs caractéristiques (dynamiques, temporalités, etc.) et de leur hétérogénéité.

L'entrée de notre planète dans l'anthropocène oblige à repenser nos outils de description du monde et du vivant, pour aboutir à des représentations communes de ce que signifie vivre dans un climat bouleversé. Pour cela, les cartographes doivent impérativement remettre en question leur langage, leurs outils, leurs logiciels et travailler avec toutes les disciplines au service du récit.

Sébastien Soriano, directeur général de l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN), revient sur les révolutions technologiques qui ont bouleversé l'univers de la cartographie. Il évoque la stratégie de l'institut, qui passe notamment par la centralisation des cartes liées aux services publics, la collaboration avec d'autres grandes entités, et l'emploi de l'intelligence artificielle pour cartographier les transitons en cours.

Afin de représenter une ville avec les sensibilités de celles et ceux qui l'habitent, la cartographie participative apparait comme une solution accessible au plus grand nombre, et souvent ludique. Une stratégie adoptée par la Scop La Capitainerie, qui, en organisant des réunions publiques sous des formes artistiques et décalées, en a fait un outil central de concertation publique.

Qu'ils soient militants écologistes, habitants de quartiers populaires ou autochtones à l'autre bout du monde, de plus en plus de collectifs engagés s'emparent de la cartographie pour diffuser leurs messages et illustrer leurs combats. L'article se conclut par l'interview de Frédéric Barbe, géographe et membre de l'association À la criée qui déclare "A la ZAD, l'imaginaire cartographique était démentiel".

Météorologue, spécialiste des risques, passionné par les communs et les communautés, engagé pour la défense de l'intérêt général, Gaël Musquet est un contributeur de premier plan du projet collaboratif de cartographie en accès libre OpenStreetMap. À un peu plus de 40 ans, ce 'geek' baigné dans la culture et les outils low-tech, semble avoir déjà eu plusieurs vies. Retour sur le parcours du « petit gars des Abymes », devenu un Mercator du XXIe siècle.

La « contre-carte », aussi appelée carte critique ou radicale, se conforme rarement aux règles de la discipline cartographique. Incontestablement, elle fait sien le pouvoir performatif de la carte conventionnelle, cette image qui signifie avec force la « réalité » du monde dans lequel nous opérons. Mais alors que la carte classique bénéficie d'un préjugé de scientificité et d'objectivité rassurant et s'appuie sur un langage standardisé, la contre-carte assume la subjectivité de son propos et invente sa propre sémiologie.

Alors qu'ils s'engagent dans une entreprise territoriale expansionniste sans précédent, les Qing (1644-1912) usent de toutes les possibilités que les cartes leur offrent. Elles répondent aux besoins de l'administration impériale et sont l'un des instruments nécessaires au bon gouvernement de ce vaste empire, mais aussi l'un des moyens dont dispose le pouvoir pour symboliser sa centralité et sa puissance.

Christophe Colomb connaissait-il l'existence de l'Amérique avant son expédition ? Un mystérieux parchemin datant de 1440 montre en effet les côtes du Canada. Cette carte aurait été inspirée par les récits des Vikings, qui avaient précédé, sur les rivages du Nouveau Monde, le célèbre explorateur.