Tirer sa révérence : voilà l'exercice le plus délicat à réussir pour nombre de dirigeants. Ces messieurs s'accrochent à leur fauteuil et répugnent à envisager leur succession. Un travers bien français.

Décryptage, en septembre 2011, des profils des dirigeants d'entreprise qui conjuguent tous les talents et qui donnent de l'image à leur marque et de la valeur à leurs produits. Incarnant la stratégie, ils flairent les opportunités, provoquent les ruptures. Les entreprises y voient des vecteurs de notoriété, les médias des prescripteurs d'opinion, et le public, des figures d'exemplarité. Des profils à risque puisque ces dirigeants, par leur parcours, leur personnalité ou leur secteur d'activité, sont plus volontiers enclins à se croire irremplaçables.

Tenter beaucoup, rater souvent, réussir parfois. Avant de lancer avec succès Buly, une marque de soins à la manière des officines de jadis, l'entrepreneur compulsif Ramdane Touhami, 43 ans, a coulé de nombreuses affaires. Et vécu de nombreuses vies. Fils d'un ouvrier marocain, marié à une aristocrate, soutenu par Arnaud Montebourg et ami du controversé Mehdi Meklat, ce franc-tireur du luxe à la française surjoue son image de parvenu ambitieux. Mais cela ne doit pas masquer un réel talent pour réveiller de belles endormies, comme les bougies Cire Trudon, et satisfaire les attentes de l'époque.

Ils s'appellent Vincent Bolloré, Bernard Arnault ou Didier Pineau-Valencienne. Jeunes patrons aux dents longues, c'est sous Mitterrand qu'ils ont explosé. Leur leader : Claude Bébéar, PDG d'Axa, et nouveau "parrain" des patrons français.

A l'heure du "capitalisme du mensonge" et des faillites frauduleuses géantes - Enron, WorldCom, Qwest, Tyco, Lucent, Xerox, etc. -, qui ruinent des dizaines de milliers de salariés-actionnaires et de retraités, quel rapport entre des "tueurs fous", comme Richard Durn, et des "maîtres du monde", comme (l'était) Jean-Marie Messier ?