Les militants du syndicat considéré comme le plus réformiste refusent les principaux points du texte sur le droit du travail. Et n'ont aucune envie de voler au secours du gouvernement.

L'analyse de la crise par la CFDT est doublement intéressante. D'abord parce que, entre 1973 et les années 1980, la lecture de la centrale syndicale se transforme profondément, passant d'une critique radicale du capitalisme, dans le droit fil de 1968, à une argumentation privilégiant les "mutations".

Seule, sans interlocuteurs crédibles, la secrétaire générale de la CFDT réussira-t-elle à construire un syndicalisme "à l'allemande" ?...

Sûre d'elle-même, la secrétaire générale de la CFDT justifie pour la première fois dans le détail ses positions - controversées - au cours des grandes grèves de décembre où elle a défendu sans états d'âme la réforme de l'assurance maladie d'Alain Juppé, qui, affirme-t-elle, "n'a pas reculé"...

Elle, la trouille du pouvoir ? Elle l'a longtemps eue. Mais aujourd'hui, reconduite à la tête de sa centrale, Nicole Notat est bien disposée àimposer son pragmatisme aux militants. Quitte à affronter leur grogne. Portrait d'une femme faite chef.

Elle a 54 ans, elle dirige la CFDT depuis 1992. Et a programmé son départ pour mai 2002.

Après dix ans de règne, Nicole Notat tire sa révérence. Elle laissera sa place à François Chérèque, la semaine prochaine, lors du 45e congrès de la CFDT.

Entre le PS et la CFDT, ce fut longtemps une affaire de famille. Avec des querelles et des réconciliations. Aujourd'hui, on ne se dispute plus, on s'ignore.

La droite perd aux élections régionales ? Rien d'étonnant, selon le secrétaire général de la CFDT : sa politique de l'emploi est un véritable échec. Très en colère, le leader de la première centrale syndicale française annonce, pour "le Nouvel Observateur", sa stratégie concernant les réformes à venir.

Unedic, intermittents, assurance-maladie. Le système français de protection sociale explose. Pour avoir fait du réformisme et du paritarisme les piliers de sa stratégie, la centrale de François Chérèque devient le bouc émissaire naturel des contradictions et des dérobades des grands partenaires sociaux.

Départ des adhérents, états d'âme des militants... La CFDT tangue et son patron est contesté. Face à la crise, Chérèque change la direction et promet un retour à un syndicalisme de terrain, proche des intérêts des salariés. Il sera intransigeant sur la défenses des 35 heures et refuse la création d'un service minimum. Entretiens.

A l'occasion de son congrès de Grenoble, la CFDT veut démontrer la capacité d'une organisation syndicale à faire des choix dans une société complexe en pleine mutation.