Le départ de la présidente brésilienne Dilma Rousseff est l'expression d'une crise multiforme qui secoue le pays. L'économie est en perte de vitesse. Du fait de la corruption, le personnel politique a perdu sa crédibilité. Avec le réveil des traumatismes historiques, l'avenir est inquiétant, mais une véritable opinion publique est en train d'émerger.

L'ancien président brésilien est soupçonné par la justice d'être impliqué dans l'énorme affaire de corruption Petrobras. A la manoeuvre, un magistrat de 43 ans qui fait figure de héros pour les uns et de justicier aux méthodes contestables pour les autres.

Les années Lula ont sorti des millions de Brésiliens de la misère et forgé l'image d'un bienfaiteur dans le coeur des citoyens. Mais ce héros, tout comme Dilma Rousseff, qui lui a succédé, a aussi commis des faux pas qui ont érodé son aura.

L'enquête sur l'affaire de corruption impliquant le groupe brésilien de BTP Odebrecht s'étend désormais à de nombreux pays latino-américains. Du Panama à l'Argentine, le puissant conglomérat a raflé des marchés considérables en échange de pots-de-vin.

Un nouveau scandale de corruption a éclaté avec l'affaire de la viande avariée. Décidément, ironise cet éditorialiste, dans ce pays, la tentation de l'argent est un puits sans fond.

Plusieurs proches collaborateurs et amis personnels du président brésilien ont été contraints à la démission en raison de leur implication dans des affaires de corruption. Pour l'instant Lula n'est pas menacé mais son image se ternit et son électorat le lâche...

Depuis plusieurs mois, la capitale économique du Brésil est la cible d'une guerre déclenchée par les chefs du crime organisé emprisonnés, qui exigent de meilleures conditions de détention. Cette violence sur fond de corruption va peser sur la prochaine présidentielle d'octobre 2006 et risque de compromettre les chances d'une réélection de Lula.

A lire une partie de la presse, le processus de destitution de la présidente Dilma Rousseff, enclenché le 17 avril 2016 par un vote du Parlement, témoignerait de la vigueur de la jeune démocratie brésilienne. C'est tout le contraire. En renonçant à réformer le système politique du pays, la gauche a armé le piège qui se referme aujourd'hui sur elle.

Le géant pétrolier national aurait "arrosé" nombre d'élus de la coalition au pouvoir. La vaste affaire de corruption liée au groupe Petrobras secoue les milieux politiques et exaspère l'opinion. A l'approche du scrutin présidentiel, elle compromet les chances de réélection de Dilma Rousseff.

À l'approche des élections générales d'octobre 2018, l'ampleur de la criminalité qui frappe le Brésil risque de le faire vaciller, le nombre d'homicides n'étant que l'arbre qui cache une forêt beaucoup plus vaste de corruption, d'inefficacité administrative et de mauvaise gouvernance, révélée par le scandale "Lava Jato".