Une vision renouvelée, et surprenante, sur la situation réelle de l'industrie américaine et française.

Décryptage des causes réelles de la désindustrialisation de la France alors que 900 usines ont fermé ces trois dernières années. Des causes qui remontent en fait à trois décennies, ces ″trente piteuses″ pilotées par trois dogmes successifs responsables de cette lente désindustrialisation : ″la société post-industrielle″, ″la nouvelle économie″, ″l'entreprise sans usine″, etc. Détails et explications avec une comparaison du modèle industriel de la France et de ses pays européens voisins, et un zoom sur les leviers d'action pour changer la tendance.

La crise économique et financière de 2008 marque un tournant dans l'histoire du dialogue social. jusqu'à cette date, celui-ci semblait condamné à un certain déclin : la mondialisation, le changement technique, l'intégration européenne, ainsi que l'application de politiques plus ou moins néolibérales dans de nombreux pays ont affaibli la pratique des négociations collectives et bi ou tripartites. La crise économique a modifié la donne.

Le décrochage industriel de la France et sa perte de compétitivité constituent aujourd'hui une lourde menace pour l'avenir du pays. Conscients de la gravité de la situation, partenaires sociaux et gouvernement ont adopté récemment un certain nombre de mesures, susceptibles d'inverser l'évolution en cours. L'accord des partenaires sociaux sur la sécurisation de l'emploi pourrait ainsi constituer l'embryon d'une vaste réforme du marché du travail.

Après l'hôtellerie, le transport et l'automobile, pionniers des stratégies low cost, d'autres secteurs comme la téléphonie, le transport ferroviaire ou la bijouterie de luxe adoptent à leur tour ce type de modèle économique. Le low cost qui, dans l'esprit de beaucoup, reste associé à l'idée d'un produit vendu à bas prix constitue en réalité pour une entreprise une véritable stratégie d'activité.

La fabrication d'un produit manufacturé mobilise de plus en plus d'intervenants, le plus souvent à l'étranger. Ainsi, au total, Boeing a recours à plus de 28 000 fournisseurs et l'iPhone d'Apple est principalement assemblé en dehors des Etats-Unis. Cette fragmentation du processus de production n'a pas été remise en cause par la crise. Le « made in world » continue donc de redessiner les contours du commerce mondial et reflète une mutation profonde des économies et des sociétés. L'organisation mondiale du commerce (OMC) est consciente des conséquences de ces évolutions.

Cinq ans après le début de la crise financière, la réflexion sur ses causes et ses conséquences se poursuit. Le ralentissement économique auquel elle a donné lieu suscite en effet par sa durée de nombreuses interrogations sur la nature exacte de l'événement. D'aucuns considèrent ainsi que ce dernier s'explique non pas tant par la crise des subprimes - qui aurait simplement constitué un facteur déclencheur- mais par des causes plus profondes comme la longue période de stagnation en matière de technologie et d'innovation qui a précédé.

Emblématique des Trente Glorieuse sous la forme d'un soutien public aux ″champions nationaux″, la politique industrielle a été abandonnée dans les années 1980 dans les pays développés au profit d'interventions plus transversales favorisant l'environnement institutionnel et notamment la concurrence. La ″désindustrialisation″ dont souffrent les économies avancées avec la montée en puissance des pays émergents, qui s'est renforcée depuis la crise, l'a toutefois replacée parmi les priorités des gouvernements.

Tendance à la relocalisation, en France, en 2013, de la production de certains industriels autrefois partis s'implanter dans les pays à bas coûts. Un mouvement qui a déjà été enclenché dans d'autres pays comme les Etats-Unis par exemple. Mais cette démarche relève plus de calculs économiques de la part des entreprises, plutôt que d'un sens patriotique. De même, il ne faut pas s'illusionner : les relocalisations ne signifient pas un retour en arrière.

Les entrepreneurs ont trop tendance à considérer les réglementations comme l'ennemi de l'innovation et du progrès.

Paradoxalement, la crise traversée par les grands groupes pétroliers pourrait aller de pair avec une période de grande opportunité. Un énorme projet de gaz naturel en Australie, exploité par Chevron et d'une valeur de 54 milliards de dollars, pourrait bien être le dernier de cette ampleur à l'échelle mondiale. Dernièrement, dans tout le secteur, 400 milliards de dollars d'investissement ont été annulés ou retardés. Les entreprises qui espèrent un fort rebond du tarif du baril de pétrole pourraient ne pas le voir, selon un analyste.