La correspondance entre Jacques Rivière et Gaston Gallimard est l'histoire d'une amitié aussi improbable que surprenante. Elle commence avec leur rencontre à La N.R.F. N.R.F., en 1911 : Jacques Rivière venait d'être nommé secrétaire de la revue (il en sera le directeur de 1919 à 1925) et Gaston Gallimard cofondateur des Éditions de la N.R.F. (il en deviendra le gérant, puis le directeur). L'affection s'y exprime sans ambages. Ni la séparation due à la guerre, pendant laquelle la revue cesse de paraître, ni les conflits avec ses fondateurs lors de sa reparution en 1919 ne l'interrompent. Elle s'achève avec la dernière lettre de Rivière, le 13 septembre 1924, cinq mois avant sa mort, le 14 février 1925. Les lettres de Jacques Rivière et de Gaston Gallimard nous font témoins des origines et du développement de La N.R.F. et de ses Éditions. Elles résument la brève carrière de Rivière, romancier, critique et essayiste, et les débuts de celle de Gallimard dans l'édition. Elles sont peut-être plus précieuses encore quand elles éclairent la personnalité de deux hommes venus d'univers si éloignés qu'ils peuvent paraître antinomiques, mais qui, tous deux, font coïncider leur entreprise avec ce que la littérature de leur temps compte de meilleur.

Près de cinquante années d'amitié ont uni l'auteur à son sujet et cet essai est, d'abord, celui d'une admiration. Y. Audouard retrace l'émouvant portrait d'un homme double : Antoine au bistrot, Blondin à sa table de travail. La vie de l'un vouée à l'excès et la démesure, nourrissant l'oeuvre de l'autre, réfugiée dans l'esprit d'enfance et la futilité désespérée.

Toutes les circonstances de la vie qui ont amené l'auteur, de la guerre à aujourd'hui, par le gaullisme, dans les voyages, pour la politique et par l'amour de l'art, à exprimer ce que fut notre histoire commune.

Ni biographie, ni simple commentaire critique, cet ouvrage s'articule en deux parties : la vie vécue, et le combat contre la mort ; la vie rêvée, et la course haletante vers l'immortalité. Avec des textes de Malraux, l'auteur a reconstitué le chemin suivi par l'écrivain, en le situant par rapport aux grands hommes et aux femmes de sa vie.

L'auteur nous fait partager ses plus récentes hypothèses et découvertes sur l'oeuvre d'un des écrivains les plus secrets de la littérature française, "le plus grand magnétiseur des temps modernes", selon André Breton.

L'histoire du mariage épisodique entre un touche-à-tout et un ermite, un ludion opiomane et un pilier de bistrots montmartrois, le duo accidenté de ces drôles d'oiseaux d'espèces différentes (" un faune et un hippocampe ", dit jo liment Ornella Volta), a pour témoins et figurants une foule de personnages hétéroclites. Côté sérieux : Valentine Hugo, la mécène, l'égérie, la négociatrice écartelée lors d'incessants incidents diplomatiques. Côté sérieux : Apollinaire, l'ami des cubistes, père de l'Esprit nouveau, inventeur à propos de Parade (fruit, pour les Ballets russes, de la collaboration de Satie et de Picasso) d'un néologisme qui allait faire fureur et que Cocteau ne lui pardonnerait jamais : " ballet sur-réaliste ". Côté caciques : Jacques Maritain, la caution à l'heure des conversions. Et Socrate, désigné par Satie comme un " collaborateur parfait "... in : "Le Monde, 18-09-1993"

C'est, sur le ton de la confidence, le traité de savoir-vivre qu'un homme mûr tire de ses propres débuts dans la vie et de ses expériences dans des domaines aussi divers que la politique, la littérature, l'enfance, l'art du voyage. Ce vade-mecum à l'intention des jeunes gens débutant dans la vie est paru pour la première fois en 1933.