Arrestations, enlèvements, assassinats : après le soulèvement de 2011 qui a renversé Hosni Moubarak, le régime égyptien est plus répressif que jamais.

Coup d'Etat ? Soulèvement populaire ? Nouvelle phase de la révolution ? Comment qualifier le mouvement massif contre M. Mohamed Morsu, puis la destitution, le 30 juin 2013, du premier président civil démocratiquement élu d'Egypte ? Si les Frères musulmans portent une lourde responsabilité dans leur échec, l'ombre des militaires et de l'ancien régime se profile derrière les manifestants.

Alors que la répression se renforce en Egypte au nom de la "guerre contre le terrorisme", d'éminentes figures du monde intellectuel, nostalgiques du nassérisme et souvent de gauche, ont proclamé leur soutien à l'armée. Cette génération des anciens est contestée par des écrivains et des artistes qui refusent le retour de l'"Etat profond" et la trahison des idéaux de la révolution.

En voulant s'arroger les pleins pouvoirs, le nouveau raïs a réveillé la rue et mis au jour les profondes divisions de la société égyptienne.

Hostile au nouveau pouvoir islamiste, haïe par le peuple, la police égyptienne a déserté la rue. Et l'anarchie s'étend...

Incompétence, sectarisme idéologique, corruption, faillite économique : les erreurs du président islamiste élu il y a un an ont conduit le peuple égyptien à la révolte... et au bord de la guerre civile.

Manifestations et pétitions géantes ont fait vaciller le pouvoir des Frères musulmans et celui du président Morsi. Elles remettent aussi l'armée au centre du jeu politique.

Il a évincé les Frères musulmans, la présidentielle n'est qu'une formalité... tout est sous son contrôle.

La nouvelle Constitution a été approuvée par 98,1% des votants, mais avec seulement 38,6% de participation. Les jeunes militants, qui avaient renversé l'ancien régime, se sont abstenus.

Trois ans après l'insurrection qui a fait chuter le régime Moubarak, l'Egypte demeure toujours aux mains des militaires. Et l'appareil sécuritaire a entièrement rétabli son pouvoir.

Mobilisation jusqu'au départ de Morsi.