Mathias Enard explore une nouvelle fois les liens entre Orient et Occident avec une érudition virtuose. Entre rêve et réminiscence, une sublime divagation.

Mathias Enard se fait orientaliste dans "Boussole", roman érudit d'aventures. Un voyage essentiel

Romancier et grand spécialiste du Proche-Orient, Mathias Enard vient de recevoir le prix Goncourt. On découvre un écrivain sensible à l'écriture de l'histoire.

En novembre 2015, "Boussole", roman de Mathias Enard, rythmé de pérégrinations orientales au parfum de chimères, remportait le prix Goncourt. L'Académie saluait alors un hommage érudit et sensuel à l'Orient, subtil comme un mélisme, dépassant les poncifs orientalistes hérités du XIXe siècle. Un baume bienvenu en une période où pullulent clichés et raccourcis sur un monde musulman mal connu.

Nous voici à Vienne, enfermés toute une nuit avec un musicologue insomniaque et incollable à propos de l'Orient : il tresse mille récits, anecdotes et connaissances sur ce monde - aussi immense qu'intérieur.

Dans un roman au souffle puissant, Mathias Enard retrace avec érudition une singulière épopée, celle de ces orientalistes en quête d'exotisme, de déserts et d'altérité.

Après avoir vécu au Proche- Orient, cet écrivain boulimique signe "Boussole", un roman hanté par la tragédie humaine qui ravage la Syrie. Portrait dun auteur hors norme.

Alors qu'il publie un recueil de ses poèmes, l'auteur de "Boussole", qui a ouvert un restaurant à Barcelone, a fait la cuisine en Belgique pour ses fidèles lecteurs. Reportage gastronomique.

Mathias Enard aime à se plonger dans le "stream of consciousness", ses volutes, ses méandres, ses remous, ses pénombres, à la lisière indécise du demi-sommeil et du rêve éveillé... Il s'agit encore d'une nuit d'insomnie et de son théâtre intérieur de hantises et de remémorations, assombri par l'angoisse vague d'un examen médical prévu le lendemain, et dont on redoute les résultats, sur fond de remâchage amer d'un échec professionnel et affectif...

Imaginons que le monde se déplie comme une carte, un mouchoir, un divan. Que ce monde se conçoive, s'expose, se détermine, se manifeste disons simplement, qu'il se déploie selon sa malicieuse fantaisie, sa temporalité singulière.