La grande opération lancée par les Américains dans le sud du pays offre une bonne occasion de tester l'efficacité de la politique d'Obama à l'égard des talibans et de la population civile.

Après la chute des talibans fin 2001, les Américains et leurs alliés pensaient que le conflit serait rapidement réglé. Erreur tragique. Les forces de la coalition essuient aujourd'hui des pertes sans précédent et aucune issue n'est en vue malgré l'envoi de renforts. Certains comparent même l'Afghanistan à la déroute des Américains au Vietnam.

Le manque de résultats probants devant les coups de boutoir des talibans, ainsi que les pertes qui se multiplient sur le terrain ont retourné l'opinion publique en Occident. La bonne guerre se transforme en mauvaise opération au moment où les résultats de l'élection présidentielle contestée risquent d'accentuer le chaos sur place.

Au moment où il doit décider de l'envoi de renforts, le président a du mal à convaincre les siens du bien-fondé de sa politique afghane. Seuls les républicains semblent bien disposés à son égard

Obama a fait fermer les prisons secrètes de la CIA. Mais, dans un centre de détention afghan, emprisonnements arbitraires et interrogatoires musclés se poursuivent impunément.

En décidant de renforcer la présence américaine en Afghanistan, le locataire de la Maison-Blanche a déçu les électeurs qui ont placé des espoirs démesurés en lui.

Les conflits en Irak et en Afghanistan donnent naissance à une nouvelle génération d'écrivains venus du front. Tout aussi talentueux, ils sont cependant moins critiques que leurs aînés.

Pour affaiblir l'influence des talibans, les militaires américains et pakistanais préparent deux grandes offensives de chaque côté de la frontière. Mais ils auront bien du mal à atteindre leur objectif.

Présenté jusqu'ici comme l'homme providentiel, celui qui saurait mener à bien la stratégie choisie par Obama, le général McChrystal, commandant des forces américaines et de celles de l'OTAN en Afghanistan, a été limogé le 23 juin 2010 à la suite de déclarations brutales dans un article du magazine Rolling Stone. L'affaire a ébranlé le Tout-Washington où de plus en plus de voix se font entendre pour un changement de stratégie. A Kaboul aussi, on s'interroge sur l'efficacité des opérations militaires occidentales.

Le crash d'un hélicoptère de l'Otan en est un signe : les rebelles talibans se rapprochent du pouvoir, et les Américains de la défaite.

Appel à un retrait rapide des troupes d'Afghanistan, critique de l'intervention en Libye... Les candidats à l'investiture républicaine n'hésitent plus à afficher des positions isolationnistes.

Les Américains ont tourné la page de la guerre en Irak et se préparent à se retirer définitivement d'Afghanistan. Mais ils ne doivent pas passer sous silence le bilan meurtrier de ces conflits.