Pour évaluer pleinement la folie du dernier film de Josef von Sternberg, il faut savoir garder sa capacité d'étonnement: nous ne sommes qu'en 1953. Hitchcock n'a pas réalisé "Vertigo", ni Ford "La Prisonnière du désert", et encore moins "Frontière chinoise". Hollywood n'est pas encore rentré dans l'ère de ces chefs-d' oeuvre dérangés et post-classiques qui donnent le vertige.

A -t-il jamais vraiment existé des acteurs muets dans le cinéma français ? Nous avons tous des souvenirs de grands acteurs du muet - mais surtout américains. Si l'on demandait à des nonspécialistes de citer des grands acteurs du cinéma muet en France, ils risqueraient eux-mêmes de rester muets. C'est peut-être, me semble-t-il, que le seul acteur véritablement muet en France fut Georges Méliès, qui n'a pas prétendu à autre chose et qui a réfléchi à la spécificité de cette pratique. On sait que venant de la magie, de la prestidigitation, il avait fait ses classes sur scène.

Le courant surréaliste de notre revue a eu un profond intérêt pour l'oeuvre muette de Georg Wilhelm Pabst, en particulier pour les deux chefs-d'oeuvre absolus, avec Louise Brooks, que sont "Loulou" et "Le Journal d'une fille perdue". C'est le premier dossier que lui consacre "Positif" en tant que tel. Il était temps, en effet, de faire le point sur une filmographie qui représente un des sommets du muet, de comprendre son importance aux débuts du parlant à travers sa trilogie communautaire et son extraterritorialité.

En 1983-1984, au moment où Joseph McBride préparait "L'Hommage de l'American Film Institute à Lillian Gish" en collaboration avec le producteur George Stevens Jr. pour la chaîne CBS, il a eu le bonheur de parcourir le pays pour voir pratiquement tout ce qui subsiste des films de Lillian Gish, ainsi que de ses émissions de télévision, dans diverses cinémathèques.

A l'ère du muet, le cinéma burlesque américain était dominé par deux géants : Chaplin et Keaton. Le parlant fut fatal au second, accablé de problèmes personnels, abandonné par les grands studios et servant de faire-valoir dans des films médiocres, tandis que Chaplin, producteur et propriétaire de ses films, les sonorisait et les ressortait dans des copies neuves tout en continuant à tourner des chefs-d'oeuvre, "Les Temps modernes", "Le Dictateur", "Monsieur Verdoux" et "Les Feux de la rampe", où il offrait enfin à Keaton un rôle mémorable.

Avec de nouvelles versions restaurées de "Sherlock Junior", "La Croisière du Navigator" et "Le Dernier Round", Elephant Films nous propose de redécouvrir un Buster Keaton au sommet.