Les débuts de Rome furent ceux d'une épopée, forte de ses héros, de ses guerres sans merci et de ses revirements. En complément, l'article intitulé "l'historien antique, metteur en scène du mythe".

Il séduit le grand public autant qu'il exaspère le philosophe Alain Finkielkraut ou le polémiste "réac" Eric Zemmour... Professeur au Collège de France, Patrick Boucheron veut dépoussiérer l'histoire. Ses conférences font salles pleines, ses livres se vendent comme des petits pains. Et ses adversaires ne désarment pas depuis la sortie, en janvier 2017, d'"Histoire mondiale de la France". Un livre conçu comme un antidote à une époque obsédée par les questions d'identité.

Dans la lignée d'"Une jeunesse française", son ouvrage sur la trajectoire de François Mitterrand pendant la Seconde Guerre mondiale, le journaliste d'investigation Pierre Péan nous entraîne, avec son nouveau livre – dont "Historia" publie en exclusivité les bonnes feuilles –, dans la ville de son enfance, alors sous la botte nazie : grandes trahisons et petits arrangements, allégeances et actes de résistance s'entremêlent dans ce huis clos qui marquera durablement la mémoire des Saboliens.

Fortement associé à l'histoire des états-nations, la question des lieux de mémoire semble un sujet de questionnement toujours actuel chez les historiens. Historicité, historiographie et patriotisme semble être des constantes qui s'appliquent tout particulièrement bien à l'histoire de France, si bien qu'un de ses éminents spécialistes, l'historien français Pierre Nora se demande même si le lieu de mémoire est exportable. Un vaste débat qui a inspiré les historiens Robert Traba et Hans Henning. Ils apportent alors une autre vision au concept à travers l'étude des lieux mémoire germano-polonais.

"Objets portatifs au siècle des Lumières", le livre de Gianenrico Bernasconi, s'inscrit dans un renouveau historiographique porteur pour l'histoire des économies et des sociétés, tant par ses objets que par ses méthodes. Sans négliger les théories et les questions qu'elles suscitent et lui conférant sa portée philosophique, il se caractérise par un retour au réel. L'objet portatif, fascinant et curieux à nos yeux, illustre et éclaire un moment décisif des transformations qui matérialisent l'intelligence et contribuent à l'abstraction des choses.

"Dès que l'on devient français, nos ancêtres sont gaulois". La déclaration de Nicolas Sarkozy lors d'un discours sur l'identité le 19 septembre 2016 a réintroduit la question du "roman national" dans le débat public. Les détracteurs de l'ancien président de la République dénoncèrent sur-le-champ une vision étriquée de l'histoire de France tout en s'en prenant aux mythes fondateurs.

La semaine dernière, dans "l'Obs", Pierre Nora critiquait l'"Histoire mondiale de la France", le livre-événement dirigé par Patrick Boucheron et un groupe d'historiens. Ceux-ci lui répondent en rappelant leur conception du métier : faire de la recherche et nourrir le débat public.

La tendance à rejouer le passé pour mieux ressourcer le présent traduit plus un déplacement qu'une mutation radicale de la conscience historique. Le régime moderne d'historicité reposait tout entier sur la conviction du « caractère disponible de l'histoire ». Mais la nécessité des faits établis se plie, de plus en plus, aux hypothèses d'une raison théorique fertile en récits alternatifs et autres "what if histories".

Prolongement bienvenu du débat, né dans "l'Obs", entre Pierre Nora et Patrick Boucheron autour de "l'Histoire mondiale de la France", les livres de Jean-Noël Jeanneney, Jean-Pierre Rioux et François Hartog interrogent le récit national.