Dans son dernier essai sur "L’esprit du macronisme", la philosophe Myriam Revault d’Allonnes s’interroge sur les liens entre le macronisme et la tradition libérale, l’héritage des Lumières, auquel Emmanuel Macron se réfère. Elle montre comment certains concepts comme l’autonomie, la responsabilité, l’homme capable, qui se sont développés à partir de la modernité, ont été dévoyés par ce qu’elle appelle « la nébuleuse néolibérale » dominée par le modèle de l’entreprise et de la raison calculante, dont l’orientation est hyperindividualiste.

Comment échapper à la question qui, dans les médias, demande à l’invité du jour de condamner les « violences », par exemple au lendemain d’une manifestation ? Refuser de condamner, ou chercher à expliquer, revient à s’exclure de la discussion collective. Sortir de ce piège nécessite un triple effort politique et intellectuel. D’abord, distinguer des violences visibles et d’autres qui demeurent invisibles. Ensuite, comprendre en quoi cette question vise à faire diversion, en promouvant une vision morale et dépolitisée qui alimente la montée de la colère.

Estimé à sa juste valeur, le « complotisme » actuel n’est peut-être pas un phénomène aussi inquiétant qu’on le dit. Ni grave ni futile, il pourrait n’être que le symptôme d’une quête désespérée de sens. Si on veut éviter de mépriser le « peuple imbécile » quand il se plaît à s’imaginer des conjurations partout, on n’entend pas davantage l’excuser ou fournir une légitimité politique à ses accusations hasardeuses.

Que veut dire être vivant.e en 2022 ? Etre vivant, et pas uniquement parce que l’on fait partie de ceux et celles qui ont pu traverser cette période de covid. Etre vivant, alors qu’un quart des jeunes pensent souvent au suicide, que les vieux et les vieilles sont maltraités dans des institutions mouroirs, que beaucoup s’épuisent au travail afin de pouvoir payer des loyers exorbitants dans des zones surpeuplées et polluées, que l’extrême droite reprend partout de la vigueur, etc. On s’essouffle, on se recroqueville, on hiberne dans nos « technococons en fil de soi(e) ».

Comment expliquer que tant d’entre nous se sentent oppressés, assommés, impuissants face au sentiment de perte de contrôle ? Ce premier numéro de l’année 2022 du "1" se penche sur ces mécanismes qui finissent par rendre nos vies aussi stressantes que machinales : emplois du temps surchargés, injonctions à la performance et à la rentabilité, confusion entre vie publique et vie privée, règne des écrans et de la pensée numérique... Une série d’analyses qui offre en creux des pistes pour reprendre les rênes de notre quotidien et sortir du désarroi contemporain.

A l’ère de la mondialisation, l’autonomie est devenue un idéal social. Mais la découverte par l’individu de ses propres insuffisances a engendré des pathologies d’époque. La protection sociale devrait être repensée pour tenir compte de ce nouveau visage de l’individualisme.

"Yoga", le dernier livre d’Emmanuel Carrère, met en scène une idéologie du bonheur caractéristique de notre époque, selon laquelle l’individu serait responsable de son bien-être. N’est-elle pas un nouveau signe de l’effacement du politique ?

L'émergence de nouvelles pandémies nous oblige à réviser notre manière d'être au monde, explique l'académicien, qui enjoint à relire l'auteur des "Essais".

Des zones pavillonnaires sans espaces communs aux maisons de centres-villes avec Digicode en passant par les Ehpad, Matthieu Chaigne, directeur associé de BVA Nudge Consulting, brosse le portrait de la "France des solitaires" dans un essai qui pointe la disparition des rites républicains au profit des rites de consommation, et l'isolement créé par le prix donné à toute chose.

Quarante ans que nos gouvernants mènent des politiques favorisant les seniors et que les injustices générationnelles sédimentent. Après avoir tenté de changer de braquet, Emmanuel Macron se fond à son tour dans ce moule, avant tout pour des raisons électoralistes. Sommaire. La guerre des âges en un coup d'oeil. Leçons de vieux cons à de jeunes cons (et inversement). Une génération (très) précarisée... A cholet : des jeunes (trop ?) demandés. Comment enterrer la hache de guerre ?