Un an après sa défaite à la présidentielle, le leader de Qalb Tounes est revenu au centre du jeu politique... à la faveur d'un rapprochement avec les islamistes. Il s'en explique.

En 2010, le printemps arabe démarrait dans cette région dévastée par le chômage. En 2020, rien n'a changé. La misère règne et les candidats au départ sont légion.

Dans un brillant essai, la sociologue Sarah Ben Néfissa et l'historien Pierre Vermeren analysent la trajectoire des Frères musulmans en Tunisie et en Égypte après leurs victoires politiques post-printemps arabes. Jusqu'à leur renversement. Rencontre avec ces deux spécialistes du monde arabe.

Onze ans après le début de la révolution, le président Kaïs Saïed a-t-il sauvé son pays de la zizanie, ou l'a-t-il ramené à l'époque de la dictature en s'arrogeant tous les pouvoirs cet été ?

Entamé en novembre dernier, le processus de justice transitionnelle donne la parole à des victimes du régime de M. Zine El-Abidine Ben Ali mais aussi du "père de l’indépendance", Habib Bourguiba. Ce retour en force d’un passé occulté divise autant qu’il émeut la société tunisienne. Dans un contexte politique tendu, nombreux sont les anciens dirigeants qui refusent d’admettre leur responsabilité. En complément, l'article "Le triple déni des cadres déchus".

Juriste, ancien doyen de la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis (1993-1999), Yadh Ben Achour connaît aussi bien le droit public que les théories politiques islamiques. Ancien membre du Conseil constitutionnel tunisien (1988-1992) et ancien président de la Haute Instance de réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique (2011), il est également un observateur avisé de la vie politique tunisienne. Il vient de publier "L’Éthique des révolutions" (Maison des sciences de l’homme, 2023).

Le retour de la Tunisie à la dictature, sous la férule du président Kaïs Saïed qui embastille ses opposants, enterre le dernier espoir d'un éveil démocratique dans le monde arabe. Au Maghreb comme en Égypte et au Levant, islamisme politique et autocraties continuent de se succéder sans que le citoyen puisse s'imposer face au groupe. Retour sur les causes d'un échec. Sommaire. Boualem Sansal : "L'islam a raté toutes les révolutions". Avec l'Occident : une histoire contrariée.

A l'automne 2024, Kaïs Saïed briguera un second mandat à la tête du pays, espérant ainsi parachever la grande remise à plat des institutions héritées de la révolution de 2011. Mais face à un chef de l'Etat enfermé dans un exercice solitaire du pouvoir, sur fond de crise économique, les Tunisiens voudront-ils prolonger l'expérience ?

"Retour de la dictature », « contre-révolution », « fin du “printemps arabe” » : les verdicts ne manquent pas pour condamner à raison la démarche autoritaire du président Kaïs Saïed, dont le pays subit une grave crise financière. En réalité, la démocratie tunisienne naissante s’était enlisée depuis bien longtemps dans les arrangements mercantiles et la dépolitisation de la question sociale.

Système politique et institutionnel démantelé, perspectives socio-économiques inquiétantes, recul des libertés... Après avoir muselé tous les contre-pouvoirs, Kaïs Saïed s'apprête à briguer un second mandat. Comment compte-t-il remettre le pays en selle au lendemain du 6 octobre ?

Probable candidat à sa propre succession, en octobre 2024, le chef de l'État tunisien est à fleur de peau, comme en témoignent son raidissement et ses coups de sang à répétition.

Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi s’immolait par le feu dans une ville du centre de la Tunisie. L’acte désespéré de ce vendeur ambulant a été le déclencheur des "printemps arabes". Une décennie plus tard, l’hebdomadaire britannique "The Economist" est retourné sur place.