Si Vladimir Poutine descend dans l'arène législative en devenant tête de liste aux prochaines élections, on va assister à une révolution politique et symbolique. Et peut-être, à terme, à la naissance d'un vrai Parlement.

L'imaginaire soviétique a érigé l'espion en héros absolu. A tel point que les Russes ont fini par élire un ex-agent secret à la tête de leurs pays et ils veulent le garder.

Le 30 octobre 2007, le président russe a prononcé un discours au mémorial de Boutovo, ancien champ de tir de la police stalinienne, où des milliers de Soviétiques furent exécutés entre 1930 et 1953. Un geste fort mais très politique.

Le 2 décembre 2007, les élections législatives russes auront valeur de plébiscite. Pas moins de 60% des électeurs, selon les sondages, vont se prononcer "pour Poutine", en accordant leur suffrage au parti Russie unie.

Au-delà du calendrier, on peut mettre en parallèle les régimes politiques qu'incarnent les deux hommes. Ce qu'a fait le politologue Ivan Krastev dans un article d'avril 2006.

Le 2 décembre 2007, les électeurs ont voté à 64% pour le parti du président. Ce faisant, explique Vitali Ivanov, ils ont dit non au régime libéral des années 1990, qualifié par Poutine de "temps de l'humiliation et de la vassalité".

Dmitri Medvedev, un Pétersbourgeois, succédera début mai 2008 au président actuel, originaire de la même ville. La Palmyre du Nord est le vivier de toute la classe politique, remarque, un peu excédé, un journaliste de Moscou.

En prenant la tête de Russie unie, Vladimir Poutine, futur Premier ministre, ne laisse pas d'autre possibilité aux citoyens de bonne volonté que d'adhérer au parti de la majorité, estime un observateur moscovite.

En avant vers le passé ! Depuis que l'ex-officier du KGB est revenu maître du Kremlin, la répression redouble contre l'opposition. Filatures, arrestations arbitraires, lois liberticides, traque des ″agents de l'étranger″... Les fantômes de l'URSS bougent encore.

Le maître du Kremlin est attendu en Allemagne, où il fut colonel des services secrets soviétiques. D'agent à président, un parcours impressionnant ? Ce n'est pas l'avis de ses anciens collègues du KGB. Cinq d'entre eux témoignent.