Transfiguré dans "The Revenant", l'acteur risque-tout peut enfin décrocher l'oscar. Rencontre.

Même pas mort. Avec "Les Huit Salopards", de Quentin Tarantino, le western retrouve des couleurs et, dans "The Revenant", Alejandro Gonzalez Inarritu en fait un magnifique combat entre l'homme et la nature. Enquête sur un genre star qui n'en finit pas d'arpenter l'Amérique et ses mythes.

"The Revenant" d'Alejandro Gonzalez Inarritu avec Leonardo DiCaprio, qui sort cette semaine, et "Seul sur Mars" de Ridley Scott avec Matt Damon sont les deux favoris des oscars qui se déroulent dimanche. La consécration d'un genre de plus en plus prisé : le film de survie.

Ses films sont de terribles parcours initiatiques dont les héros ressortent exsangues. "The Revenant", en salles le 24 février 2016, n'échappe pas à la règle : le réalisateur mexicain y fait subir toutes les avanies à un Leonardo DiCaprio qui pourrait décrocher, le 28 février, son premier Oscar. Une manière pour le cinéaste de nourrir ses propres obsessions, que le succès hollywoodien n'apaise en rien.

Titres recensés : Chantal Akerman, de l'autre côté ; "The Revenant" d'Alejandro Gonzalez Inarritu ; "Anomalisa" de Charlie Kaufman et Duke Johnson ; "45 ans" d'Andrew Haigh ; "Tempête" de Samuel Collardey ; "Ave, César !" d'Ethan et Joel Coen ; "Le trésor" de Corneliu Porumboiu ; "Saint-Amour" de Benoit Delépine et Gustave Kervern ; "Un jour avec, un jour sans" de Hong Sang-soo.

Après les intérieurs contemporains d'un théâtre de Broadway, Alejandro Gonzalez Inarritu opère un virage spatio-temporel radical : il nous emmène dans le nord des Etats-Unis au début du 19e siècle, sur les traces d'un trappeur devenu légendaire pour avoir survécu à une attaque de grizzly. Western d'aventure épique et grandiose, "The Revenant" convoque plusieurs thèmes chers au cinéaste mexicain : la soif de justice, le péché et la rédemption, la manipulation, l'exploitation des hommes par d'autres hommes, le choc des cultures...

Le western, dont la mort a été annoncée à diverses reprises depuis un demi-siècle, ne cesse pourtant de faire retour, au moins sous une forme spectrale, comme l'attestaient hier "L'Homme des hautes plaines" et "Pale Rider" de Clint Eastwood et comme en témoigne aujourd'hui "The Revenant" d'Inarritu.

Retour sur "The Revenant" à la lumière du merveilleux "Convoi sauvage" de Richard C. Sarafian (1971).

"The Revenant" décrit la vengeance d'un homme. Un périple rédempteur. Un hymne à la nature dans une période - les années 1820 - où s'exacerbent les tensions avec les Indiens.

Au XIXe siècle, un trappeur chercher à se venger des compagnons de route qui l'ont laissé pour mort... D'une histoire légendaire que les boy-scouts américains se racontent le soir au coin du feu, Alejandro Gonzalez Inarritu a tiré un film somme, compilant tout ce qui travaille le cinéma (et le monde) contemporain. Ou comment réconcilier le lyrisme et la brutalité, le ciel et la boue, le grand cinéma russe et le grand cinéma US, l'expérimental et le mainstream, DiCaprio et les Oscars.