Un logement pour tous les sans-abri, c'est possible quand l'Etat et les ONG s'associent. D'autres pays européens pourraient s'inspirer de cette démarche, estime Juha Kaakinen, directeur d'Y-Foundation.

A Paris, depuis 2015, des bibliothèques se sont mises à la disposition de SDF et de migrants. A l'origine de ce projet, une certitude : la lecture est un levier, une fenêtre, un repos pour des populations en difficulté et ces havres de culture constituent des lieux d'échanges et de rencontres. Un barrage de papier contre la précarité.

C'est devenu un modèle qui intrigue toute l'Europe. Alors que partout dans le monde le nombre de sans-abri ne cesse d'augmenter - + 50% en France en dix ans - la Finlande compte de moins en moins de SDF. Son secret : la politique du "Housing First". Soit le fait de fournir d'emblée un logement pérenne aux personnes à la rue sans conditions préalables.

À la suite de sa réélection, le 8 avril 2018, le souverainiste Viktor Orban a décidé de bannir purement et simplement les sans-domicile-fixe des rues de son pays d'Europe centrale.

Depuis le début des années 2000 et la flambée des prix des loyers dans les grandes agglomérations, les situations de mal-logement se multiplient en France. Le rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre nous rappelle que quatre millions de personnes sont mal-logées et "12 millions sont fragilisées dans leur rapport au logement". L'Insee nous indique également que le nombre de sans domicile fixe vivant à la rue ou dans des habitats précaires a progressé de 50 % entre 2002 et 2012 pour atteindre 150 000 personnes, chiffre aujourd'hui largement sous-estimé...

Que penser de la polémique de février à propos du nombre de personnes qui vivent dans la rue à Paris, après des déclarations de responsables politiques de la majorité La République en marche ! (Lrm) qui le minimisaient ? Il faudrait se dire d'abord qu'elle est salutaire. Mais la crispation autour de données chiffrées, qui feraient "masse" et seraient à réviser...