Ils défient tous les analystes politiques. Les "Trumpistas", ces Américains d'origine hispanique qui ont choisi le camp du milliardaire républicain, ne sont pas à une contradiction près. Fermant les yeux sur les outrances du bouillonnant candidat à l'égard des immigrés et des femmes, ils comptent bien faire barrage à Hillary Clinton. Conservateurs fervents, déçus de l'establishment politique ou militants anti-avortement, ils n'ont surtout pas l'intention de renoncer à leur part du rêve américain.

Ils sont en colère, convaincus d'avoir été victimes d'une injustice. Leur vote a été déterminant. "Ils" ce sont les représentants d'une classe moyenne blanche peu éduquée que Trump a séduits en promettant le retour d'une Amérique forte et en s'affirmant en leader intraitable. Au risque d'allumer une guerre. Voyage au coeur de la Rust Belt, à la rencontre des poor white trash et autres laissés-pour-compte, dans le ventre de cette Amérique qui a voté Trump.

"Ils n'ont rien appris, ni rien oublié", aurait dit Talleyrand pour décrire les émigrés rentrés en France après la chute de l'Empire. Malgré tout ce qui pourrait séparer les deux situations historiques, ce mot décrit assez bien l'opposition démocrate à l'heure de Trump. Toujours sous le choc de la surprise maudite de novembre 2016, les Démocrates admettent à peine la légitimité du nouveau président et continuent de rêver à sa destitution, tout en accordant à Hillary Clinton un rôle d'icône culturelle et en préparant la canonisation de Barack Obama.

Les élections de mi-mandat ont eu lieu aux Etats-Unis le 4 novembre 2014, pour renouveler l'intégralité de la Chambre des représentants et un tiers des sièges du Sénat. Comme cela avait été prédit par tous les observateurs, les républicains ont conforté leur majorité à la Chambre et obtenu le contrôle du Sénat (avec plus de 51 sièges, le seuil de majorité) pour la première fois depuis 2007.

Du Colorado au Nouveau-Mexique en passant par l'Arizona, la réconciliation entre les deux Amérique, celle de Trump et celle de Clinton, semble difficile.

A moins de trois mois de la fin des primaires républicaines, le trublion Trump fait toujours figure de grand favori. Les critiques fusent sur le rôle joué par la presse dans son ascension, très rapide.

De quoi Trump est-il le symptôme : d'une crise de la démocratie, d'un virage idéologique, de profondes transformations sociales et économiques, d'une réaction raciale à l'ère Obama ? Après le temps de la stupeur, voici venu le temps du conflit d'interprétations.