En mars 2021, un porte-conteneurs colossal obstruait six jours durant le canal de Suez, artère ancestrale du commerce international. Thé néerlandais, meubles en kit suédois, moutons roumains... avaient patienté dans une arche de Noé composite de 422 navires en enfilade. Six jours. À l'évocation de cette durée, l'esprit fait un saut en 1967, date d'une autre immobilisation du canal, celle de la guerre des Six Jours. Elle dura en réalité huit ans.

Elle a tout d'une grande, et pourtant elle rame (un peu). La France peut donner l'impression d'une puissance maritime moyenne, observe dans ce dossier Virginie Saliou, de l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire. Pourtant, avec ses 20 000 km de côtes et ses 10,7 millions de km2 d'espaces maritimes, le pays a des compétences dans tous les domaines de la mer : pêche, commerce, défense, recherche. C'est que, justement, les partis politiques ont longtemps pensé le sujet de façon segmentée. Ce n'est qu'en 2022 qu'une vision globale a commencé à éclore.

Les pharaons caressaient déjà le rêve de relier la Méditerranée et la mer Rouge grâce à une voie navigable à travers le désert d'Égypte. Devenu réalité, le canal de Suez est aujourd'hui si vital au commerce que chaque danger qui le menace tient le monde en haleine.