Ce pourrait être la version orientale de la sardine (en réalité le Sartine, la fameuse frégate, et non le petit poisson) qui bloqua jadis le port de Marseille. Lorsque le 23 mars au matin, dévié par un traître coup de vent, le porte-conteneurs géant Ever Given a éperonné en diagonale une berge rocheuse du canal de Suez, c'est le commerce mondial qui s'est mis à marcher de travers. L'incident nous le rappela brutalement : la mondialisation, ce sont aussi des voies d'eau et des bateaux.

En s’enlisant au milieu du canal de Suez, le porte-conteneurs Ever Given a paralysé une partie du fret maritime mondial. Un incident qui montre à quel point le commerce maritime, en pleine expansion, est vulnérable aux goulets d’étranglement.

Alors que le canal de Suez a rapporté 7,5 milliards d'euros à l'Égypte en 2022, un record, le gouvernement envisage de céder aux entreprises privées, y compris étrangères, une partie de la gestion de ce passage stratégique du commerce mondial. L'importance économique qu'il revêt pose la question de la pérennité du modèle rentier et, plus largement, celle de la crise économique et politique à laquelle fait face le régime d'Abdel Fattah al-Sissi (depuis 2014).

Dans le contexte des attaques menées par les houthistes au large du Yémen, l'Égypte, la Jordanie et l'Irak se sont mis d'accord pour créer une route commerciale largement terrestre. Les médias arabes et israéliens se réjouissent, pour des raisons différentes.