Le président a choisi de nommer Place-Vendôme cette fille de Guyane qui se réclame d'Aimé Césaire et d'Edouard Glissant. Annonce prématurée de réformes, campagne haineuse d'une certaine droite, premières maladresses... et, à peine installée, voilà Taubira en pleine bourrasque.

Elle a été indépendantiste guyanaise. A rejoint Tapie aux européennes de 1994. Ferraillé pour la mémoire de l'esclavage. Représenté le Parti radical de Gauche à la présidentielle de 2002. Et se retrouve garde des Sceaux sous Hollande après avoir soutenu Montebourg à la primaire socialiste. Agathe Logeart a reconstituté le parcours chahuté de cette ministre hors normes dont la droite a choisi, un peu vite, de faire sa cible préférée.

Par la grâce d'un discours, la garde des Sceaux, malmenée à ses débuts au gouvernement, est aujourd'hui sanctifiée par ses amis socialistes.

Un échange de notes acrimonieuses a fait voler en éclats l'image de couple modèle qu'avaient entrepris de construire Christiane Taubira et Manuel Valls. Reste à Matignon et, surtout, au chef de l'Etat à arbitrer un débat où se mêlent querelles de fond et d'ego.

Le texte qui revient sur l'automaticité des peines instaure moins de prison et plus de suivi pour tous les condamnés à des peines de moins de cinq ans.

Traitée de ″guenon″ par une enfant de 13 ans, la ministre de la Justice commente l'offense qui lui a été faite.

Depuis la loi sur le mariage pour tous, la garde des sceaux cristallise des sentiments irrationnels, tant du côté de ses défenseurs que de ses détracteurs. Derrière ce climat passionnel, un bilan jugé mitigé par les magistrats. Et une aura qui pourrait être ternie par les rebondissements dans l'affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy et de son avocat.

Manuel Valls, Christiane Taubira, Michel Sapin, Jean-Yves Le Drian, Vincent Peillon : les poids lourds du gouvernement n'aident pas le couple exécutif à redresser la situation. Par leurs gaffes ou par leur manque de résultats.

Alors que Christiane Taubira sort très affaiblie de la polémique sur les écoutes judiciaires de Nicolas Sarkozy, le ministre de l'Intérieur, qui a joué le silence et la discrétion, limite les dégâts. Mais sa stratégie face aux multiples affaires n'est pas sans risques politiques.

Dans l'Aisne, des détenus en fin de peine séjournent et travaillent sur une exploitation agricole afin de préparer leur retour à la vie normale. Une démarche qui illustre l'esprit de la réforme voulue par Christiane Taubira. Objectif : combattre la récidive.

"Je ne savais pas", a juré la garde des Sceaux. Le pis, c'est que c'est vrai ! Sa directrice de cabinet avait été mise au parfum, mais elle n'a fait suivre l'information, sous forme d'une note, qu'à Matignon. Histoire d'un amateurisme coupable.