Après la victoire d'Aung San Suu Kyi, les militaires vont-ils réellement rentrer dans les casernes ?

Dans une salle de classe ou auprès de villageois, une nouvelle génération de militants travaille à la transition démocratique. En toute discrétion.

Tout a commencé par des comptes rendus sportifs aux messages politiques dissimulés. Eleven Media s'est ensuite imposé comme le premier groupe de presse du pays, à l'avant-garde du journalisme indépendant.

La lauréate du prix Nobel de la paix joue un rôle majeur dans le processus de démocratisation. Mais son parti doit apprendre à se remettre en cause, surtout sur la question explosive des minorités ethniques.

Alors qu'un vent démocratique souffle sur la Birmanie, les Rohingyas, une minorité musulmane persécutée par les bouddhistes majoritaires, restent victimes d'un déni de citoyenneté.

Le nouveau gouvernement marche sur des oeufs. Il doit assurer la transparence d'un système verrouillé depuis cinquante ans par les militaires et les séides protégeant leurs intérêts financés.

Zin Mar Aung, Wai Wai Nu, Thinzar Shunlei Yi et Phyoe Phyoe Aung sont les nouveaux visages du pays. Militantes, prisonnières politiques, féministes, elles marchent sur les traces de leur héroïne, récente vainqueur des élections. Et joueront un rôle majeur dans le processus de transition démocratique birman.

Entretien, en 2012, avec Marie-Sybille de Vienne (professeur des universités à l'Institut national des langues et civilisations orientales - Inalco) qui revient sur l'évolution de la situation économique et politique en Birmanie. Un pays longtemps étranglé économiquement par les sanctions internationales mais qui connaît de nouvelles perspectives, malgré des défis colossaux : l'emprise qu'exerce l'ethnie birmane majoritaire depuis l'indépendance de 1948 mine la stabilité politique et l'essentiel des élites (à l'exception notable de Aung San Suu Kyi) est en exil.

Depuis que le pouvoir birman se donne des allures de gouvernement civil, tout se précipite : légalisation du parti de l'opposante Aung San Suu Kyi, libération de prisonniers politiques, visite d'un dirigeant américain pour la première fois depuis un demi-siècle...

Dialogue avec l'opposition, assouplissement de la censure, promesse d'élections libres... La junte birmane s'est-elle convertie à la démocratie ? Ou veut-elle seulement obtenir la levée des sanctions et sortir le pays de son isolement ?