En avril 2018, en marge des négociations sur le climat, un accord était enfin signé par l'Organisation maritime internationale. Objectif : que ce secteur réduise ses émissions de CO2 de 50% d'ici à 2050. Un pari difficile pour plein de raisons, mais qui reste réalisable à moyen terme.

Ce pourrait être la version orientale de la sardine (en réalité le Sartine, la fameuse frégate, et non le petit poisson) qui bloqua jadis le port de Marseille. Lorsque le 23 mars au matin, dévié par un traître coup de vent, le porte-conteneurs géant Ever Given a éperonné en diagonale une berge rocheuse du canal de Suez, c'est le commerce mondial qui s'est mis à marcher de travers. L'incident nous le rappela brutalement : la mondialisation, ce sont aussi des voies d'eau et des bateaux.

En s’enlisant au milieu du canal de Suez, le porte-conteneurs Ever Given a paralysé une partie du fret maritime mondial. Un incident qui montre à quel point le commerce maritime, en pleine expansion, est vulnérable aux goulets d’étranglement.

Le commerce maritime entre l'Asie et l'Europe est confronté à une explosion du prix des containers début 2021. La hausse de la demande sur le Vieux continent a provoqué une pénurie d'équipements qui a fait grimper les tarifs. Les transporteurs, qui avaient réduit leur activité lors de la crise de Covid-19, n'avaient pas anticipé une reprise aussi forte en Europe, mais aussi aux Etats-Unis, et se retrouvent à court d'infrastructures. Un container de 20 pieds, qui coûte généralement entre 600 et 900 $, dépasse désormais les 4 000 $.

Finie, la mondialisation low cost ? La fameuse boîte en fer fixée à un bateau pour traverser les océans vaut désormais de l'or. Depuis un an et demi, le prix du trajet pour aller de la Chine à l'Europe a été multiplié par six. Suffisant pour inciter les multinationales à relocaliser ?

Les grands distributeurs mondiaux continuent de faire face aux difficultés du transport maritime en 2022. Saturée, la logistique par les mers affiche toujours des coûts très élevés : le prix d'un conteneur 40 pieds reste au-dessus des 7000 $ en mai, contre 1500 $ avant la crise de Covid-19. Plusieurs solutions sont expérimentées par les distributeurs : acheter leurs propres bateaux et conteneurs, recourir à de plus gros volumes ou du groupage, accélérer l'intégration de sa logistique...

Premier armateur mondial depuis cette année, Mediterranean Shipping Company a également annoncé, à la fin de mars, avoir acquis les actifs de Bolloré Africa Logistics. En exclusivité pour "Jeune Afrique", Diego Aponte, son PDG, revient sur l'actualité très chargée de l'opérateur italo-suisse.