L'intervention russe en Ukraine est une opération conçue de longue date. Il y a encore un an, la réconciliation restait possible. Depuis, la propagande du Kremlin a produit ses effets et la situation a atteint un point de non-retour. La haine s'est installée. C'est une tragédie.

Lundi 16 juin 2014, la Russie coupait ses livraisons de gaz à l'Ukraine, déclenchant un torrent de protestations à Berlin, Paris, Rome, Vienne, Sofia... Car l'Ukraine est un couloir énergétique essentiel, par lequel transite environ la moitié du gaz russe destiné à l'Europe.

C'est à Moscou que, les 16 et 17 août 2006, M. Viktor Ianoukovitch a effectué sa première visite internationale. En le nommant à la tête du gouvernement ukrainien, le président Viktor Iouchtchenko a pris acte de l'échec et des divisions de l'ex-"coalition orange".

Convaincu que la Russie ne saurait "redevenir un empire sans l'Ukraine", le président russe fourbit ses armes avant le troisième scrutin, prévu pour le 26 décembre 2004.

Au-delà du conflit énergétique, c'est la "révolution orange" que le géant russe Gazprom, bras armé du Kremlin, veut mettre à genoux.

La révolution orange a-t-elle échoué ? La nomination d'un Premier ministre prorusse montre, en tout cas, qu'elle a déçu.

Pour complaire à Washington, l'Ukraine a envoyé un contingent militaire de près de 1 600 hommes en Irak. Kiev cherche également à séduire l'Union européenne et à faire oublier la vague de scandales qui ont secoué le pays.

Pays parmi les plus touchés par la crise financière - au point que certains observateurs redoutent un nouveau Dubaï, l'Ukraine a sollicité à la mi-décembre une avance de 2 milliards d'euros auprès du Fonds monétaire international. Elle craint sans cela de ne pouvoir verser les retraites et les salaires de la fonction publique, ni régler ses factures énergétiques à la Russie, au risque de relancer la guerre du gaz. Les relations avec Moscou sont au coeur des enjeux de l'élection présidentielle, qui se tiendra le 17 janvier 2010.

Le 18 août dernier, le président ukrainien Petro Porochenko appelait l'armée et les bataillons de volontaires progouvernementaux à se regrouper pour encercler les bastions insurgés prorusses dans l'est du pays. Depuis le début du printemps 2014, l'offensive de Kiev a fait plus de deux mille morts. Jouant sur la fibre patriotique, le gouvernement cherche à canaliser les contestataires de cet hiver en les enrôlant pour le front du Donbass.

De chaque côté de la ligne de front, l'arrivée de nouvelles armes laisse redouter une reprise des combats dans le Donbass. La victoire des partis ukrainistes à l'ouest et l'incapacité de la « communauté internationale » à rechercher un compromis poussent chaque camp à miser sur la force. Séparées de Kiev depuis six mois, les régions contrôlées par les rebelles s'organisent en ordre dispersé.

Théâtre en mai 2014 de mortels affrontements entre prorusses et nationalistes ukrainiens, la ville mythique concentre toutes les contradictions d'une nation menacée.