A Hollywood, l'année a été le théâtre d'un mouvement syndical d'une ampleur sans précédent qui marque l'entrée dans une nouvelle ère du divertissement, la fin de la récré pour les plateformes, l'avènement de l'IA, et plus encore...

Alors que la Coupe du monde bat son plein, l'auteur du film à succès "Au nom de la terre" propose une alternative écologique aux soirées foot avec sa chaîne TV.

En vingt-cinq ans, Netflix a redéfini la façon dont nous consommons films et séries et imposé la VOD par abonnement.

La question revient tous les dix ans : le temple californien du cinéma pourrait-il mettre la clé sous la porte ? Les héritiers des grands studios légendaires (Warner, Universal, Paramount... ) sont attaqués de toutes parts par des plates-formes (Netflix, Amazon, Apple) à la politique commerciale très agressive, et la "classe ouvrière" de Hollywood, ces centaines de milliers d'anonymes qui font tourner la machine à images, s'est fortement rebellée lors d'une double grève qui a mis l'outil de production à l'arrêt pendant sept mois. Et maintenant ?

Si les bibliothèques publiques sont de plus en plus nombreuses à proposer une offre vidéo à travers des DVD, l'évolution des pratiques sociétales bouleverse déjà ce segment. Le streaming et la vidéo en ligne semblent prendre le pas sur les supports vidéo physiques et la diffusion telle que présentée dans les bibliothèques peut paraître déjà dépassée. La nécessité de passer sur une offre numérique, en VOD, semble tentante afin de répondre aux attentes du public et de rester dans l'ère du temps. Les quelques établissements ayant déjà sauté le pas ne semble en tout cas pas le regretter.

"L'Avant-Scène Cinéma" avait vu "Pinocchio" en projection de presse et le film devait sortir le 18 mars 2020, distribué en France par Le Pacte. Sorti en Italie comme traditionnel "film de Noël" en 2019, le film y avait rapporté 15 M d'euros. Dans un premier temps, Jean Labadie, le patron du Pacte, unanimement respecté pour son travail constant en faveur du cinéma d'auteur, décidait de repousser la sortie annulée par la pandémie au 1er juillet. Il a finalement vendu "Pinocchio" à Amazon Prime Vidéo, où il est disponible depuis le 4 mai.

Les cinémas ont rouvert. Les grands lieux cinéphiles comme La Cinémathèque française ou le Forum des images lui emboîtent le pas. Le confinement semble déjà loin, se patinant peu à peu de l'aura des rêves - ou des cauchemars, c'est selon. Pourtant, cette période si exceptionnelle aura été pour beaucoup, et de manière pas si paradoxale, celle d'une grande frénésie cinéphile. Au-delà de l'offre traditionnelle de films à regarder chez soi (DVD, VoD, chaînes de télévision...

Se retrouver isolé chez soi en ayant plus que jamais le temps de s'adonner au plaisir de voir des films pourrait a priori être un rêve de cinéphile. Les confinement, couvre-feu et reconfinement que nous subissons depuis neuf mois nous en ont cependant donné un aperçu amer.

Amplifié par la crise sanitaire, le succès des plateformes précipite le rétrécissement du parc de salles américain. Après la sortie sur Netflix de "The Irishman", Martin Scorsese s'apprête à tourner sa prochaine fiction sous la bannière Apple, et pourtant, dans un récent article sur Fellini paru dans "Harper's Magazine", il alerte : le cinéma peut-il survivre dans un secteur où seuls comptent les « contenus », pas les oeuvres ? Nous nous interrogeons sur ce qu'il advient de la politique des auteurs dans ce système de production, de diffusion et même, de formation.

Les plateformes visent la jeunesse. On rénove des mythes ("Lupin", divers, 2021), on imagine la jeunesse de personnages qu'on a connus plus mûrs ("Ratched", Ryan Murphy, 2020 ; "Le jeune Wallander/Young Wallande"r, Ben Harris, 2020). Séries, miniséries et autres formats se destinent à un public jeune ou mettent en scène des personnages jeunes. Les deux, pourtant, ne sont pas à confondre.

« Par ailleurs, le cinéma est une industrie », écrivait André Malraux. Chaque mois, cette chronique ausculte les mécanismes économiques de l'industrie du cinéma. Ce mois-ci, l'économie changeante du strearning et ses guerres intestines.

Netflix, Apple TV+ et autres Disney+ vont investir de 250 à 300 millions d'euros par an dans des fictions hexagonales, comme la loi les y oblige désormais. Résultat, ces plateformes font la chasse aux talents, et se servent dans l'imaginaire national.