Ludivine Péchoux relate l'étendue des progrès en matière de reproduction de l'art pariétal.

Lascaux 4, la dernière réplique de la plus célèbre caverne ornée d'Europe, ouvre ses portes le 15 décembre 2016. Et, miracle des nouvelles technologies, la magie opère. Visite en avant-première.

S'aventurer dans une grotte parfois profonde pour y laisser témoignage de son passage, sous la forme de peintures, dessins ou gravures animalières, de signes énigmatiques ou de rares figures humaines souvent bestialisées, est une démarche singulière qui engage le corps dans son entier.

Il n'en finit pas de bouleverser notre compréhension de nous-mêmes. Points, traits, mains négatives... Des dessins simplistes sans doute, mais tracés plus de 20 000 ans avant ceux d'Homo sapiens ! Et si l'art, finalement, était aussi le propre de Neandertal ?

La grotte ardéchoise vient de livrer le plus troublant de ses trésors, une fresque sans équivalent dans l'art pariétal.

Une galerie souterraine découverte par un spéléologue amateur a dévoilé une foule de gravures préhistoriques, creusées dans la pierre il y a plus de 20 000 ans.

Dans le paysage des grottes ornées, Lascaux a une place à part. D'abord par la virtuosité et la densité de ses peintures et gravures, ensuite pour sa place dans la recherche. Considérée comme un repère chronologique et stylistique clé pour l'étude des autres sites, sa datation est pourtant l'objet d'un vif débat dont il ressort que la période des peintres de Lascaux brouille les découpages chronoculturels des préhistoriens : une période glaciaire moins froide qu'on ne le pense, des animaux vivant dans des climats différents qui pourraient peut-être bien se côtoyer suivant les saisons...

L'écrivain et peintre Alain Médam, docteur d'Etat ès lettres et sciences humaines, entreprend ici de conter la genèse du faire signe : comment l'homme, en inventant les « par-delà » de ce qui l'ancrait dans l'animalité (l'art pour transcrire cette vie animale, la musique pour conjurer le silence, la sépulture pour outrepasser la mort, etc.), va accéder au symbolique et se défaire de son passé, conduisant ainsi à la naissance des mythes.

Les artistes du Paléolithique supérieur furent-ils les premiers cinéastes ? Ils auraient représenté dans leurs fresques le mouvement des animaux.