Le malaise européen n'est plus à décrire. Il résulte pour partie, sans doute, d'une crise économique qui s'éternise. Mais il est fait également de la désaffection des citoyens à l'égard d'un système institutionnel dans lequel ils se reconnaissent de moins en moins. ll tient enfin au sentiment diffus d'un décrochage vis-à-vis du reste du monde, si ce n'est d'un déclin irrémédiable. Trouble circonstanciel, lié à une conjoncture difficile, ou mal de structure ? Lionel Jospin expose les motifs qui lui font conserver une confiance raisonnée dans l'avenir du Continent .

Rouage discret du système institutionnel européen, la Cour de justice a cependant joué un rôle déterminant dans l'avancée vers une « union toujours plus étroite ». Mais elle en a aussi infléchi la nature dans un sens qui n'est pas étranger à ses difficultés actuelles. Dieter Grimm éclaire le mécanisme de dépolitisation qui en a résulté et le problème de légitimité que celui-ci a fini par ouvrir.

L'Europe ne saurait se dispenser d'un examen de sa propre situation. Niall Ferguson en propose un diagnostic sans complaisance.

Quel que soit le résultat de la prochaine élection présidentielle, le gouvernement désigné devra composer avec une conjoncture économique globale et locale dont on peut, d'ores et déjà, entrevoir les contours. Jean Pisani-Ferry en précise les lignes principales.

Wolfgang Streeck, directeur émérite de l'Institut Max Planck, constate amèrement que l'Europe se disloque, détruite par les Allemands, ses partisans les plus ardents. En cause, la stratégie de la chancellière Merkel sur la politique intérieure allemande, la construction européenne, le problème monétaire européen, le Brexit et la crise des réfugiés.

De la crise grecque aux menaces sur l'euro, en passant par les ratés du moteur franco-allemand, l'ancien président fait le tour d'une Union trop faible à ses yeux.

Crise grecque, sauvetage de l'euro, innovations européennes, intervention en Libye : les désaccords entre Paris et Berlin se sont multipliés cette année 2011. Cette difficile coordination relève moins d'un désaccord global sur l'avenir européen que d'une série de décalages ponctuels. Mais quand il faut coopérer plus étroitement, les particularités politiques et économiques se tendent et les malentendus se font plus criants.

La crise de légitimité de l'Europe est évidente : la politique d'austérité menée sous l'impulsion de l'Allemagne, la multiplication des décisions prises sans contrôle démocratique direct et les limites de l'union monétaire creusent le fossé entre l'Europe et ses citoyens. Ce fossé peut être comblé ; pour cela il faut faire évoluer non seulement les institutions européennes, mais le discours que les politiques tiennent sur « Bruxelles ».

En appeler à des transformations institutionnelles de l'Europe ne suffit pas aujourd'hui, car l'Europe connaît une crise profonde de sa représentation. Les conditions préalables à l'exercice d'un vote démocratique ne sont pas réunies, et ce n'est que par la mobilisation des citoyens que l'on peut échapper aux nouveaux nationalismes comme à la doctrine ultralibérale.

Marine Le Pen en rêve, Alain Juppé y est hostile et François Hollande le redoute : à l'approche de la présidentielle de 2017, le départ de la Grande-Bretagne de l'UE changerait le cours de la construction européenne et la donne politique hexagonale. Des pourfendeurs de la "perfide Albion" aux fans de la Queen, états d'âme et états d'esprit des "Froggies".

Le Brexit a rappelé à Bruxelles que l'on ne pouvait faire fi de la volonté de 500 millions d'habitants. Si l'Europe ne respecte pas les aspirations des citoyens, elle doit se préparer à des secousses politiques de plus en plus violentes. Sommaire. Relever l'idée européenne par la démocratie. Définir le peuple européen. Un déni de réalité, pas un déni démocratique. Déjà, Churchill se défiait. Marine veut sa part de Brexit.

Si l'époque est compliquée, les dirigeants européens ont su se trouver un rôle et se montrer combatifs. Sauf le président français, regrette cet éditorialiste italien.