Réunir en un même lieu plusieurs services publics. Sur le papier, l'idée avancée par Macron au cours du "grand débat" post-"gilets jaunes" peut séduire. Sur le terrain, c'est une autre paire de manches.

Volonté du groupe français La Poste de se diversifier, tout en réduisant ses effectifs, alors que son coeur de métier, le courrier, est en déclin. Une situation qui entraîne une dégradation des conditions de travail et une évolution de ses missions de service public confiées par l'Etat, à savoir : assurer le service universel postal, acheminer la presse, garantir l'accessibilité bancaire à tous et maintenir un maillage serré du territoire. Explications et détails. Données chiffrées. Graphique : les bénéfices de la poste en milliards d'euros de 2006 à 2016.

Prise en tenailles entre l'injonction de l'Etat d'assurer ses missions et l'obligation de protection de ses salariés, la troisième entreprise de France, avec 220 000 employés sur le territoire, a dû revoir ses priorités.

Le programme France services offre un accompagnement humain, partout sur le territoire, pour les démarches administratives du quotidien. Mais il suscite aussi des interrogations.

Signe d’une puissance incontrôlée, Amazon a mis en concurrence les villes américaines pour l’accueil de son deuxième siège – et des emplois correspondants – en échange d’exonérations d’impôts. Là où passe l’industrie numérique, les services publics trépassent. Ils sont remplacés par des plates-formes en ligne dont les fondateurs prétendent fallacieusement oeuvrer pour le bien commun.

Internet est censé améliorer le quotidien des Français. Pourtant plus de 13 millions de personnes sont mal à l'aise avec cet outil, soit 23% de la population de plus de 18 ans, et un nouveau terme a fait son apparition : l"illectronisme". Il désigne le fait de ne pas être équipé d'appareils informatiques, de ne pas maîtriser leur fonctionnement ou de ne pas disposer d'une connexion. Or de nombreux services publics, tels que Pôle emploi, la CAF et autres services sociaux entament une transition vers une société sans contact, compliquant ainsi pour certains usagers le recours à leurs droits.

Universités, statut des fonctionnaires, SNCF... Au nom de la modernité, la politique d'Emmanuel Macron mutile, au printemps 2018, le système d'intérêt général créé après-guerre. Explications et détails, sous la forme d'un dossier. Sommaire. Les étudiants livrés au marché de l'anxiété. Les fonctionnaires, voilà l'ennemi. Il paraît que les petites lignes de chemin de fer coûtent trop cher. De Saint-Just à Macron, variations sur un même thème. Document de fond. Peu de chiffres.

L'Etat français s'est fixé pour ambition d'avoir l'intégralité de ses services publics dématérialisés d'ici 2022. Il ne lui reste plus que quatre ans pour atteindre cet objectif qui pourrait coûter près de 100 millions d'euros. L'Etat veut toutefois essayer de limiter les dépenses au maximum et cherche, en développant des applications dédiées, à sensibiliser ses agents le plus tôt possible.

Les collectivités territoriales aussi s'intéressent ç la gestion de la relation client (GRC) ou citoyen. Les objectifs sont d'améliorer la qualité de service pour les citoyens, renforcer la proximité avec les élus et réduire les coûts de fonctionnement des services publics. La productivité augmenterait de 30 à 50% en utilisant un progiciel de GRC par exemple. Certains éditeurs se positionnent alors sur ce créneau, tel que Localeo (société du groupe La Poste).

Accablés par les formulaires, noyés sous les dossiers, engloutis par les tableaux Excel... Les agents de l'Etat sont au bord de l'épuisement administratif.

Cinq ans après son lancement, le dispositif, destiné à l'accompagnement des personnes éloignées du numérique, atteint tout juste sa vitesse de croisière, sa mise en œuvre s'avérant plus que poussive. Seul hic : il n'est pas prévu de le prolonger au-delà de 2024.

Longtemps la France a disposé de services publics ayant valeur d'exemple pour de nombreux pays. Considérés comme des biens collectifs qui répondent aux besoins de la population en échappant à une logique purement marchande, les services publics sont souvent perçus comme l'un des piliers de ce que l'on a coutume d'appeler le "modèle social français". Sécurité, police, justice, éducation, eau potable, électricité, réseaux de télécommunication, collecte et traitement des déchets... tous ou presque ont connu des changements profonds au cours des dernières décennies.