Jusqu'où réguler les "quick commerces" ?
Bulletin : L'Obs 3027
13 octobre 2022
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Numéros de page :
pp.22-23
Plus vite, toujours plus vite ! Les citadins ont vu partout fleurir les affiches des "quick commerces" vantant une livraison à domicile d'aliments ou de produits du quotidien, promis dans un premier temps en quinze, voire dix minutes. Si les acteurs de ce nouveau marché (Gorillas, Flink, Getir, Gopuff) ne mentionnent plus de durée, ils continuent de suggérer une arrivée express. Une offre "tout, tout de suite", qui peut paraître anachronique à une époque où la surconsommation est accusée de tous les maux. Pourtant, cette activité, inexistante il y a encore peu mais dopée par le Covid, explose. Avec une conséquence urbanistique : pour tenir les courts délais, les "quick commerçants" doivent implanter dans les centres-villes leurs entrepôts, des dark stores fermés au public, d'où bourdonnent toute la journée des myriades de livreurs. Cela suscite, bien sûr, l'ire des riverains et des édiles. Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la maire de Paris, qui estime qu'il existe une centaine de dark stores dans la capitale (un comptage précis est difficile), nous indique que 45 d'entre eux ont fait l'objet de PV de constatation d'illégalité, transmis à la procureure de la République. A Paris, un local dont plus du tiers de la surface est affecté au stockage a le statut d'entrepôt: son autorisation dépend alors du plan local d'urbanisme. Cet été, un projet d'arrêté gouvernemental envisageait de classer comme commerce tout dark store disposant d'un point de retrait pour les particuliers. La fronde des élus locaux, dont celle d'Emmanuel Grégoire, a contraint les autorités à reculer. Mais les "quick commerces" sont là, et bien là, les grandes villes devront composer avec.