Historien, professeur des universités, président du musée de l'Immigration, auteur de nombreux ouvrages sur le Maghreb, Benjamin Stora ne s'était jamais frotté au neuvième art, jusqu'à la publication récente, aux côtés de Sébastien Vassant, d' "Histoire dessinée de la guerre d'Algérie" (Seuil). Selon lui, ce médium, qui mêle texte et images, est un outil pédagogique idéal.

Près de dix ans après son lancement, Yann et Romain Hugault mettent un point final à leur série "Angel Wings". Dans un huitième et ultime tome, ils évoquent la tournée coréenne de Marilyn Monroe, qui a non seulement fait le bonheur des GI's, mais également permis à la star de prendre une nouvelle dimension.

Architecte de formation, Lukasz Wojciechowski s'est récemment lancé dans la bande dessinée, avec une approche graphique pour le moins déroutante. Lauteur polonais de 45 ans utilise AutoCAD - un logiciel de dessin assisté par ordinateur - pour mettre en scène l'intégralité de ses planches. Le résultat est surprenant, entre minimalisme et pureté de la ligne, absence de phylactères et nouvelle forme de narration en bande dessinée.

S'il est édité en français depuis près de vingt ans, Markus Witzel, alias Mawil, s'est véritablement fait connaître dans nos contrées avec "Kinderland", paru en 2014 chez Gallimard. L'auteur allemand, né à Berlin-Est en 1976, y raconte les aventures d'une bande de gamins qui se rendent progressivement compte que leur monde est en train de s'écrouler. Dix ans et un "Lucky Luke" plus tard, Mawil publie ses premiers albums jeunesse, quelque part entre la bande dessinée, le livre illustré et le livre-jeu.

Pour "Michel Vaillant", l'année 2023 a tout d'un grand cru. Il s'agit tout d'abord du centenaire de la naissance de Jean Graton (1923-2021), son créateur, qui a lancé la série en 1957 dans le journal "Tintin". Ce sera aussi le centenaire des 24 Heures du Mans, course d'endurance légendaire, à laquelle Jean Graton et "Michel Vaillant" sont intimement liés. L'édition 2023 est d'ailleurs exceptionnelle, avec un nombre de constructeurs présents comme il n'y en a pas eu depuis cinquante ans.

Elisabeth Jammes est passée par l'école Émile Cohl (école spécialisée en animation et illustration) avant de faire de sa passion pour la bande dessinée un métier. Après quelques années de galère, durant lesquelles elle enchaîne les missions en free-lance pour faire bouillir la marmite, elle publie ses premiers albums en tant que dessinatrice, à savoir deux tomes de "L'École de Montperdu", ainsi qu'un volume de "Spartiate".

8 mai 1945. Le IIIe Reich capitule, mettant fin à la plus terrible guerre qu'ait connue le continent européen. Martin Mahler, le héros d'"Amours fragiles", rentre chez lui, découvrant une ville en ruines, et une population civile qui tente de survivre dans des conditions misérables. Ce que le jeune homme craignait dans les pages du premier tome de la série est finalement devenu réalité, pour le plus grand malheur de l'Allemagne.

Après "Aristide broie du noir" et "Coeur de pierre", parus respectivement en 2008 et 2013 chez Delcourt, le duo Séverine Gauthier et Jérémie Almanza se reforme pour imaginer "Les Royaumes muets", un album aux images grandioses et à l'intrigue habile qui met en scène la dualité d'une personne - la jeune Perséphone - capable d'aller et venir entre le monde des vivants et celui des morts. Une vraie pépite qui, pour de multiples raisons, a mis du temps à voir le jour. L'album paraît finalement chez Oxymore, la nouvelle maison d'édition du revenant Mourad Boudjellal.

Après la Bretagne, le Luberon et l'Alsace, la petite bande du bus-librairie "Le Livre qui pue" débarque en Ariège. Elfie et ses deux soeurs, Louette et Magda, ne sont pas là par hasard. Elles retrouvent leur grand-père, un ancien berger, qui se remet très mal de la mort de sa fille. Cette nouvelle aventure est !occasion pour Elfie de s'initier à une forme d'expression qui lui était jusqu'alors inconnue : le tricot.

Qui dit Takeshi Obata dit "Death Note". Nous en oublierions presque ses autres séries iconiques, telles que "Bakuman", "Hikaru no go", "All You Need is Kill", ou encore "Platinium End". Toujours est-il qu'avec "Show-ha Shoten !", le dessinateur s'éloigne des ambiances de son best-seller. Ici, pas de cahier de la mort ni de détective surdoué. L'action se déroule dans un contexte on ne peut plus réaliste et suit le parcours de deux lycéens nés de manzai qui ne rêvent que d'une chose : devenir les meilleurs humoristes du Japon.

Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de s'entretenir avec un ancien skinhead néonazi que la bande dessinée a aidé à chasser ses démons. Durant près de deux heures, David Cénou s'est livré avec franchise sur cette période chaotique d'une vie qui se voulait aventureuse. Un parcours à la marge, qu'il avait déjà évoqué sans concession dans "Mirador, tête de mort", et dont il aborde une autre facette dans son dernier album en date : "Yougo".

Avec "La Quête", dont le premier volume vient de paraître au Lombard, le scénariste Frédéric Maupomé ("Anuki, "SuperS") et le dessinateur Wauter Mannaert ("El Mesias", "Yasmina") proposent une réinterprétation originale et lumineuse de la légende arthurienne. Dans un XXIe siècle où le merveilleux a pratiquement disparu, leur protagoniste, le jeune Pellinor, se lance à la poursuite d'une bête chimérique. Une entreprise sans fin, qui lui fera ouvrir les yeux sur le sens à donner à sa vie...

Pas besoin de parcourir trop longtemps les pages de "Mikki Four" deviner que cette nouvelle série jeunesse est promise à un bel avenir.

Lancée discrètement en 2018 chez Petit à petit, la séne "RIP" a depuis trouvé son public. Un succès qu'elle ne doit qu'à elle seule, et bien sûr à ses créateurs, tous deux aussi autodidactes que talentueux. Gaet's, le scénariste, est un ancien soigneur animalier, spécialiste ès rhinocéros. Julien Monier, le dessinateur, a été chanteur et saxophoniste du groupe de musique festive La Scana del domingo. De cette rencontre improbable est né l'un des polars en BD les plus palpitants de ces dernières années.

Après avoir partagé son expérience de la guerre du Vietnam dans "Une si jolie petite guerre" et "Give peace a chance" - respectivement parus en 2012 et 2015 -, Marcelino Truong s'éloigne de l'autobiographie pour remonter le temps et se plonger dans la guerre d'Indochine.

Tomi Ungerer n'est pas toujours considéré à sa juste valeur. Certainement parce qu'il n'a pas cherché à faire école. Peut-être aussi parce qu'il ne s'est jamais frotté à la bande dessinée, l'une des expressions graphiques les plus dynamiques de ces dernières décennies. Toujours est-il que l'artiste alsacien a profondément marqué Mathieu Sapin, qui a découvert son univers dès le plus jeune âge à travers des oeuvres cultes telles que "Les Trois Brigands" ou "Le Géant de Zéralda".

Commencé dans le fanzinat, le parcours de Pierre Maurel ne l'a jamais éloigné très longtemps de l'édition alternative et indépendante. Par choix, il est resté fidèle aux éditions L'Employé du moi, qui publient la série "Michel", dont le dernier opus figure dans la sélection officielle du Festival d'Angoulême.

Après "Seuls sont les indomptés", paru en 2019 chez Sarbacane, Max de Radiguès et Hugo Piette reforment leur duo, mais cette fois pour un récit jeunesse très ancré dans l'actualité. Dans "Eddie & Noé", ils évoquent le parcours de deux amis inséparables qui décident de s'investir dans la lutte contre le changement climatique. Pour ce faire, ils participent à des manifestations, et mobilisent les élèves de leur collège. Loin d'être réducteur, le propos de ce premier tome se veut engagé mais réaliste.

Le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD) célèbre cette année sa 50e édition. Un demi-siècle au cours duquel il lui aura fallu se battre pour conserver son statut, que ce soit en raison de problèmes de financements, de situation géographique, ou encore de querelles politiques. Sans oublier les innombrables critiques et polémiques qui émaillent chaque année - ou presque - l'un des plus importants événements culturels européens consacrés au 9e art, la dernière en date concernant l'exposition consacrée à Bastien Vivès.

On connaissait "L'Odieux Connard" pour ses critiques cinématographiques aussi saignantes qu'hilarantes, ou encore pour ses vidéos muettes sur YouTube. Depuis quelques temps, il est également possible de le déguster en bande dessinée, avec la série "Le Petit Théâtre des opérations", réalisée aux côtés de Monsieur le Chien. Le principe est simple : une guerre, un destin extraordinaire, et une bonne dose d'humour pour rendre la soupe plus digeste.

Saviez-vous qu'un prince ottoman avait séjourné en France à la fin du XVe siècle ? Dans "Asile !", André Houot évoque le destin méconnu d'un des fils de Mehmet II, septième sultan de l'Empire ottoman. Écarté du pouvoir par son frère aîné, Djem, alias Zizim, échoue dans ses tentatives pour renverser le nouveau maître de Constantinople. Réfugié sur l'île de Rhodes, il y est accueilli par les Hospitaliers, qui l'envoient en France, où il réside durant pas moins de cinq années, baladé d'un château à l'autre.

Quand on évoque Boulet, on pense en premier lieu à son blog, qui en a fait l'un des grands noms de la bande dessinée numérique francophone dans les années 2010. On retient aussi sa participation à "Donjon Zénith", aux côtés de Lewis Trondheim et Joann Star, ou encore "La Page blanche" et la saga "Bolchoï Arena", dont il a signé les scénarios respectivement pour Pénélope Bagieu et Aseyn. Mais Boulet a surtout consacré une bonne partie de sa carrière à dessiner pour la jeunesse, notamment lorsqu'il faisait partie de l'équipe du magazine "Tchô !".

Les 10 et 24 avril, 48 millions de Françaises et de Français sont appelés à élire le président de la République pour un mandat de cinq ans. Cette actualité n'a évidemment pas échappé au monde de la bande dessinée et de nombreux albums sont publiés à cette occasion, certains plus par opportunisme éditorial que par réelle ambition informative ou citoyenne. Parmi la vingtaine d'albums que nous avons répertoriés, une dizaine ont tout particulièrement retenu notre attention. Ils abordent différents genres - enquête, reportage, chronique sociale, drame, comédie, et même science-fiction !

Bokyoung Yun, alias YunBo, est une autrice sud-coréenne. Pourtant, ce n'est pas de manhwas que nous allons parler dans cet entretien. Et pour cause : la jeune femme ne jure que par la bande dessinée francophone ! Après avoir étudié le 9e art à l'université de Kongju, elle s'envole pour la France où elle intègre l'Ecole européenne supérieure de l'image (EESI), à Angoulême. En 2012, après l'obtention de son master, YunBo retourne en Corée du Sud, où elle enseigne à son tour la bande dessinée.

Sansuke Yamada a plusieurs cordes à son arc. Né en 1972, il développe dès l'adolescence un intérêt tout particulier pour la période de l'après-guerre au Japon. Diplômé de l'Osaka University of Arts, il part ensuite vers d'autres horizons. Il devient illustrateur et auteur de manga pour différents types de supports, notamment dans la presse et la littérature gay. Il est également comédien et, surtout, musicien au sein de Tomari, un groupe de kayôkyoku, l'ancêtre de la J-pop.

En 2002, le premier album estampillé Grand Angle débarquait en librairie. Vingt ans plus tard, ce sont déjà près de 500 titres qui ont été publiés au sein de ce label fondé et détenu par les éditions Bamboo. Avec quelques gros succès à la clé, comme "L'Ambulance 13", "L'Adoption", "Une vie avec Alexandra David-Néel", "Une nuit à Rome", "Le Train des orphelins", "L'Envolée sauvage". ou encore "Jusqu'au dernier".

C'est l'une des séries jeunesse à ne rater sous aucun prétexte. Reprenant l' idée du voyage dans le temps, "Sacha et Tomcrouz" invite les lecteurs à mener l'enquête dans un village viking, à la cour du roi Louis XV, dans un monastère Shaolin ou, tout dernièrement. sur les bords du Nil. À chaque fois, le jeune garçon et son fidèle chihuahua tentent de résoudre une énigme, mais surtout de repartir sains et saufs à leur époque. sous peine d'être définitivement bloqués dans les couloirs du temps...

Jaouen Salaün se passionne tardivement pour la bande dessinée, après avoir découvert, dans un grenier, un carton rempli d'albums signés Moebius, Gimenez, Gillon ou encore Liberatore. Au terme d'un cursus à l'école Émile Cohl, à Lyon, il débute dans l'édition jeunesse, avant de se lancer par intermittence dans le 7e art. Une première expérience - "Nova", avec Julien Blondel - est interrompue brutalement, avant, que le jeune dessinateur n'entame une collaboration fructueuse avec Christophe Bec.

En 1952, Jacques Martin créait le personnage de Lefranc pour le journal "Tintin". Pendant contemporain du Gallo-Romain Alix, ce journaliste téméraire a depuis vécu trente-trois aventures palpitantes, qui l'ont mené aux quatre coins de la planète. A l'occasion de cet anniversaire, les éditions Casterman publient un nouvel album - "Le Scandale Arès" - mais également un livre consacré aux voitures présentes dans les enquêtes de Lefranc.

Dans son premier album publié en solo, Alicia Jaraba Abellan évoque l'incroyable trajectoire de la Malinche, un personnage encore très controversé au Mexique. Interprète du conquistador Hernan Cortés, dont elle fut aussi la maîtresse, son périple à travers l'Amérique centrale précolombienne rappelle que le vaste territoire de l'empire aztèque était loin d'être uni avant sa prise de contrôle par les Espagnols.