Ang Lee voit double et signe la somme de ses prouesses techniques les plus folles : "Gemini Man" offre deux Will Smith pour le prix d'un et s'annonce comme une expérience d'auteur aussi explosive que radicale.

Après avoir rendu compte du Festival sur notre site quotidiennement, que reste-t-il des dizaines de films vus, des textes écrits dérobant des heures au sommeil, des idées glanées entre projections, discussions et autres apéros ? Voici notre "retour de Cannes 2023". Sommaire. Au-delà de la vérité. Révélations cannoises.

Au-devant d'une édition particulièrement riche en premiers films, enquête sur la réelle signification d'un début cannois aujourd'hui.

S'il existe une image première, une genèse purement picturale située à la racine d'un blockbuster inspiré, il y a de fortes chances que Doug Chiang en soit le farouche gardien. De l'impulsion du cinéaste jusqu'aux touches finales de post-production, sa mission de film designer consiste à prendre en charge la matérialisation des choix liés à l'identité visuelle d'un univers donné, à la croisée du simple "moodboard", de l'élaboration des décors, de la prise de vue et des effets spéciaux numériques.

Récipiendaire du prix de la CST (Commission supérieure technique de l'image et du son) en octobre 2023, reconnaissant le travail d'un technicien au sein de la sélection officielle cannoise, Johnnie Burn est notamment le designer sonore des derniers Jonathan Glazer et Yorgos Lanthimos, et le collaborateur privilégié des cinéastes soucieux de transformer le son en personnage-narrateur.

Si "L'Été dernier" convoque un personnage d'avocate - emprunté à "Queen of Hearts" de la Dana-Égyptienne May el-Toukhy (2019), dont le film est le remake -, c'est toutefois pour en faire le centre tourmenté du film, ainsi que le jouet actif d'un système où la langue déliée des autres, leur parole et leurs pulsions libérées deviennent contagieuses, invitant la femme à l'écoute à commettre l'indéfendable (un comble, pour une plaideuse). Sommaire. Sois belle et tais-toi, la critique du film. Plutôt tendre, entretien avec Catherine Breillat.

Dans le contexte de la guerre en Israël-Palestine, la dernière édition de Carlo Chatrian comme directeur artistique de la Berlinale ne fut pas épargnée par les tensions, même si la sélection n'a pas manqué de prismes inattendus pour scruter le politique.

Evoquant "Bonnie and Clyde", son premier projet comme chef décorateur, Dean Tavoularis confie au journaliste Jordan Mintzer avoir passé le tournage à anticiper la scène finale de massacre.

Disparu en 2019, Larry Cohen a laissé derrière lui une vingtaine de films intelligents et fébriles, critiques et enivrés. La Cinémathèque française lui consacre une rétrospective méritée.

Todd Haynes, néo-documentariste, s'aventure en souterrain connu.

Rares sont les auteurs américains dont les films évitent de donner ce sentiment que les limites du territoire national marquent aussi celles de leur conscience. Comme si, sur ses propres écrans, l'Amérique ne faisait qu'une avec la totalité métaphysique du monde. Filmer l'une, c'est presque toujours filmer l'autre.

Comme souvent avec Bruno Dumont, le malentendu tient à un cheveu, à une syllabe. "France" n'étant pas titré "La France", il faut résister à la tentation d'entendre ici l'invocation d'un territoire délimité - façon "Flandres" ou "Twentynine Palms" - ou la promesse ronflante de cristalliser l'âme d'une nation. Mieux vaut distinguer le faux-nez du film, moins occupé par la France que par une certaine France, flamboyante mais minuscule, et perdue dans l'immensité d'un mirage : celle qui s'incarne sous les atours de l'héroïne, France de Meurs.

"France" de Bruno Dumont, "Tromperie" d'Arnaud Desplechin, "The French Dispatch" de Wes Anderson et "L'Histoire de ma femme" d'Ildiko Enyedi - les quatre films présentés à Cannes cette année avec Léa Seydoux ont démontré combien elle est aujourd'hui l'une des actrices françaises les plus demandées et à la fois l'une des plus énigmatiques, par la nature de son jeu et de sa présence à l'écran. Depuis ses débuts, elle s'est distinguée par la diversité de ses choix et un certain goût du risque qui irradient dans son personnage à multiples facettes de France.

A l'occasion de sa sortie en DVD, Yal Sadat revient sur "L'Excellente Aventure de Bill et Ted" de Stephen Herek.

"Le Pays de la violence" de John Frankenheimer sort en DVD, l'occasion d'en découvre la critique de Yal Sadat.

C'est au bord du gouffre que nous dépose le dernier long métrage de Paul Schrader, 75 ans, béant de part en part ou plutôt construit sur des termes qui se refusent farouchement à « faire raccord ».

Wouter Zoon, après avoir été accessoiriste, travaille principalement depuis les années 90 en tant que chef décorateur. Sans jamais avoir renié la part manuelle du métier, il revendique le plaisir étrange de construire de l'éphémère. Ayant tissé des liens durables avec Aki Kaurismaki, Pascal Bonitzer ou Jacques Rivette, il apparaît comme l'un des garants d'un savoir-faire indispensable au cinéma d'auteur européen, dont l'importance n'est nullement amoindrie par la sophistication des outils de postproduction.

Depuis la démocratisation express des outils que sont ChatGPT et Midjourney, l'impact de l'IA sur le cinéma semble plus que jamais en question.

Par les récits uchroniques ou par les ruses du verbe, le cinéma de Tarantino repense le contemporain en faisant pourtant mine de s'enfermer dans le passé. Entretien réalisé au Festival de Cannes, le 25 mai 2023.

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, semble dire sa voix intérieure à Paul Schrader. Plus le temps passe, plus l'auteur reproduit une structure narrative que son public le plus fidèle pourrait presque démonter et remonter les yeux fermés. "Master Gardener" laisse en effet l'impression d'une énième relecture de ses premiers films et scénarios, tout en formant de son propre aveu un triptyque avec "Sur le chemin de la rédemption" (2017) et "The Card Counter" (2021). Sommaire. Redites-le avec des fleurs. Et si ? : entretien avec Paul Schrader.

En ratissant un territoire dévasté, "Dogman" de Matteo Garrone assène le nouveau mot d'ordre du cinéma italien : pour raconter le délabrement national, les contes dantesques valent mieux que le (néo ?)-réalisme. Et si la clé des maux de l'Italie se trouvait dans ses ruines éternelles ?

La disponibilité sur YouTube du catalogue de Mosfilm, avec en tête de gondole l'oeuvre russe d'Andreï Tarkovski, annonce un monde où les géants du Net règnent sur le patrimoine cinématographique, y compris le plus exigeant. Pour le meilleur ou pour le pire ?

Dans "L'amour est une fête", Cédric Anger célèbre l'âge d'or du cinéma X français, dopé par la libération des moeurs post-68. Mais cette époque fut-elle aussi dorée que dans le film ? Ses principaux vétérans éclairent notre lanterne.

Le producteur historique de James Cameron, un cinéaste texan explosif et le père d'"Avatar" réunis pour un projet de cinéma fou ? Jon Landau et Robert Rodriguez racontent ici les coulisses d'"Alita : Battle Angel", adaptation du manga "Gunnm", et comment cet attelage explosif n'est pas si contre-nature qu'on pourrait le croire !

Le cinéaste danois a suivi une carrière passée par tous les genres et tous les horizons. Avec "Kursk", il s'essaie au film de sous-marin tout en continuant d'explorer ses thématiques favorites : torpiller les faux semblants et les tabous des collectivités humaines.

Promesse industrielle, défi technique et adaptation polémique, "Alita : Battle Angel" scelle surtout la folle union de James Cameron et Robert Rodriguez. "Première" s'est invité sur le tournage, aux premières loges de cette alliance inédite entre deux artisans visionnaires.

Steve McQueen change de registre. L'ex-enfant prodige des galeries d'art délaisse la maîtrise formelle et les dramas mémoriels de ses débuts pour adapter une série britannique des années 80. Mais derrière la série B flamboyante se cache un grand film de l'ère MeToo coécrit avec l'auteure Gilian Flynn. Rencontre avec un cinéaste en colère. Un deuxième article : Dangereuse sous tout rapport.

"The Batman" ébauche peut-être une possibilité d'évolution. Son horizon lui permet de fuir les impératifs contemporains, sans pour autant se réfugier dans une mémoire inaccessible à la jeunesse. Voici un blockbuster rivé à peu près sur la même cinéphilie que "Joker", mais dont les réferences s'égrènent de façon plus subliminale. Matt Reeves trouve le moyen de mettre sur pied un univers - une ville, avant tout - dont les nombreux emprunts ne donnent l'impression ni d'un hommage obséquieux ni d'une farce ivre de second degré.

« Photographe à plateau » plutôt que de « plateau », comme il aime se définir lui-même, Guy Ferrandis décline depuis le milieu des années 90 tous les usages de l'image photographique au cinéma.

Superviseur des effets spéciaux pour Scorsese, Cameron ou Zemeckis, Rob Legato ne se considère pas comme un soldat au service du numérique, mais de la mise en scène. Très loin du technicien cantonné aux limites d'un "VFX department" cloisonné, il revendique de posséder un style et de faire figure d'authentique coréalisateur sur la majorité de ses projets. « Aujourd'hui, les défis visuels sont moins excitants. Le challenge, c'est plutôt de ramener du monde dans la salle.